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Catholiques de Macédoine du Nord: un maigre troupeau et une icône

Quand il a appris la venue mardi du pape François, Marinko Pinjuh a cru à une "fake news": en Macédoine du nord, les catholiques ne sont qu'une poignée, forts de l'héritage de leur figure historique, Mère Teresa.

Dans ce "petit pays, le nombre des croyants (catholiques) est également petit", "mais tout comme Jésus, le pape est dévoué à l'homme petit", lui a répondu le 20 avril dans son homélie pascale, l'évêque macédonien Kiro Stojanov, qui a appelé les fidèles à accueillir François avec "humilité" en se montrant "dignes de son amour".

Même si l'émigration massive qui frappe ce pays balkanique rend toute estimation démographique sujette à caution, ils seraient environ 20.000 catholiques, soit moins de 1% de la population pour deux-tiers d'orthodoxes et un petit tiers de musulmans.

La visite papale, les fidèles la doivent à Mère Teresa, décédée en 1997, explique à l'AFP le prélat. Béatifiée en 2003 pour avoir consacré sa vie aux plus démunis à Calcutta, la sainte est née en 1910 à Skopje, alors ville de l'empire ottoman.

Si elle n'y est que très peu revenue après l'avoir quittée à la fin des années 1920, la trace de la religieuse y reste profonde.

Une autoroute porte son nom et une plaque commémorative a été apposée là où se dressait sa maison natale, détruite en 1963 par le tremblement de terre qui a quasiment rayé la ville de la carte. A côté, quelques arbres qu'elle a plantés lors de son ultime visite en 1980, raconte son petit neveu Gombar Alojz, 71 ans, qui vend des pendentifs à son effigie dans sa bijouterie toute proche.

- Mère Teresa superstar -

A quelques mètres, une échoppe mobile tente d'attirer les touristes avec une photo de la religieuse. Non loin, un musée lui est consacré.

Deux statues d'elle mains jointes veillent sur les fidèles dans la cathédrale du Sacré-Cœur, achevée en 1977 pour remplacer l'édifice précédent, lui aussi rasé en 1963. A la messe de Pâques avaient pris place parmi les fidèles, des religieuses de son ordre, reconnaissables à leur voile blanc brodé de liserés bleus.

Bien avant de devenir Mère Teresa, Anjezë Gonxhe Bojaxhiu est née dans une famille bourgeoise de la minorité albanaise.

Ces catholiques albanais composent la communauté catholique macédonienne avec les Croates et les descendants de Macédoniens slaves qui n'ont pas embrassé l'orthodoxie après le grand schisme chrétien du XIème siècle.

- "Sois sans crainte" -

Marinko Pinjuh, un serveur de 42 ans, n'aurait jamais cru assister dans sa ville à une messe célébrée par le souverain pontife. Pourquoi ce choix? "Ouh là... Aucune idée. Tout le monde se pose la même question", répond-il. "C'est un peu étrange, hein?", s'amuse Andreja Atanasovska, une étudiante en économie de 22 ans. "Mais c'est chouette de rencontrer le pape!", dit-elle.

Commerciale, Katerina Milevska, 30 ans, est convaincue que la visite a un lien avec le changement de nom du pays et l'accord conclu avec la Grèce qui a clos des décennies de litige entre les deux pays: "Alors que la situation est tendue dans le reste des Balkans (...) le pape veut peut-être lancer un message de paix aux chrétiens d'Europe en ces temps difficiles".

Gombar Alojz, le neveu de Mère Teresa qu'il a rencontrée deux fois, est convaincu que le pape vient dire aux Catholiques de Macédoine: "Vous êtes un petit troupeau, et je veux que vous croissiez". "Nous sommes vraiment très peu...", poursuit le commerçant.

Dans un message aux fidèles enregistré avant la visite, l'évêque Stojanov a cité l'Evangile selon Saint-Luc: "Sois sans crainte petit troupeau". Par ce choix, il explique faire référence à la petite communauté catholique, mais aussi à "la manière dont notre pays est vu à l'étranger".

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