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Ce fermier péruvien attaque une énorme entreprise pour la fonte de "ses" glaciers: il vient de remporter une première bataille

La justice allemande a franchi un pas inédit en acceptant jeudi d'examiner la requête d'un paysan péruvien contre le géant de l'énergie RWE pour déterminer sa responsabilité dans la fonte d'un glacier andin attribuée au réchauffement climatique.

Nous vous en parlions il y a deux semaines, sur RTLinfo, du combat mené par un fermier péruvien contre une grande entreprise allemande. Contre toute attente, David a remporté une première bataille contre Goliath, ce jeudi.

Le combat entrepris par ce fermier "est recevable", a décidé la cour d'appel de Hamm (nord), en ordonnant une série d'expertises sur l'effet des rejets polluants de RWE, alors que la même requête avait été d'emblée balayée en première instance.

Cette décision n'équivaut pas à donner raison à Saul Luciano Lliuya, agriculteur et guide de haute montagne, qui avait décidé en 2015 d'attaquer RWE en justice au motif que le groupe allemand est l'un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre de la planète, bien qu'il n'ait aucune centrale au Pérou.

On écrit une page d'histoire du droit

En faisant entrer la procédure dans la phase suivante, les magistrats allemands font néanmoins un pas dans la logique de "justice climatique mondiale", un concept politique qui obligerait le "Nord" polluant à dédommager les pays du "Sud" affectés. "Le simple fait d'entamer les débats sur le fond, dans cette affaire, écrit une page d'histoire du droit", s'est réjouie Roda Verheyen, avocate du requérant, citée par l'ONG Germanwatch qui appuie toute la démarche.

Dans le détail, une série d'expertises doit déterminer l'éventuel lien de causalité entre les émissions polluantes de RWE et la fonte de gigantesques blocs de glace dans les Andes: transformés en lagunes, ils menacent d'engloutir Huaraz, la localité péruvienne de M. Lliuya.

Ce père de deux enfants réclame le financement par RWE d'une partie des travaux de sécurisation contre les risques d'inondation de la communauté de Huaraz, capitale de la province de Ancash dans le nord du pays.

Il veut aussi le remboursement des 6.300 euros de travaux effectués pour protéger sa maison contre la montée des eaux. "Nous espérons gagner mais nous savons bien que même en cas de victoire cela n'arrêtera pas le changement climatique, cela peut simplement aider pour l'avenir (...) je veux pouvoir retourner dans ma montagne et dire aux gens que j'ai fait quelque chose pour eux", avait déclaré à la presse avant l'audience M. Lliuya.

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