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Charlie Hebdo: religieux et antiracistes appellent à l'unité contre les amalgames

Douze morts à Charlie Hebdo aux cris de "Allah Akbar": les responsables religieux et antiracistes ont condamné mercredi un attentat "barbare" et appelé, dans l'unité, à prévenir tout amalgame associant l'islam à cette "monstruosité".

Au diapason de l'émotion qui a saisi les fidèles de toutes confessions, le glas de la cathédrale Notre-Dame de Paris sonnera jeudi, jour de deuil national, à midi, avant une messe "qui sera célébrée en pensant aux victimes", notamment celles de l'hebdomadaire satirique et anticlérical.

A Rome où il a rencontré le pape, l'un des principaux imams français, le recteur de la mosquée de Bordeaux Tareq Oubrou, a appelé les musulmans à "manifester leur colère" contre ce qui est à ses yeux un peu l'équivalent en France "de ce qu'a été le 11 septembre pour l'Amérique".

Au nom des "musulmans de France", le Conseil français du culte musulman (CFCM) avait tôt réagi à ce "drame d'ampleur nationale".

L'instance de représentation de la première communauté musulmane d'Europe (3,5 à 5 millions de fidèles) a appelé en outre ses coreligionnaires "à faire preuve de la plus grande vigilance face aux éventuelles manipulations émanant de groupes aux visées extrémistes, quels qu'ils soient".

En soirée, son président Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris, a dénoncé un "coup porté à l'ensemble des musulmans". Il s'exprimait à l'issue des voeux aux représentants des cultes à l'Elysée, prévus de longue date et qui ont pris une dimension toute particulière quelques heures après l'attaque sanglante visant l'hebdomadaire satirique.

"Nous voulons redire que la République laïque et ses valeurs, notamment la liberté de conscience, la démocratie et la liberté de la presse, demeurent aux fondements de notre vivre-ensemble", a déclaré le président de la Fédération protestante de France (FPF) au nom de tous les dignitaires religieux présents. Il a annoncé que les représentants des différents cultes se réuniraient jeudi "tous ensemble" dans l'idée d'aboutir à "une proposition" commune.

"Le président (François Hollande) nous a dit de continuer à espérer", a déclaré pour sa part à quelques journalistes le grand rabbin de France, Haïm Korsia. "On ne baisse pas les bras."

"Ce n'est pas la peur qui va gagner, mais le meilleur en nous qui doit se réveiller", a commenté Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France (CEF).

- 'Climat de haine' -

Les associations antiracistes ont aussi appelé à éviter toute confusion, le président de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) Alain Jakubowicz estimant que "la crainte est grande de voir de nouveau l'islam désigné comme à l'origine de cette monstruosité". "Il ne faut pas qu'on se trompe de cible", a-t-il dit.

Pour le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, "ceux qui commettent ce genre de meurtres sont des gens qui espèrent justement qu'il y aura des amalgames, que cela montera les gens les uns contre les autres, et ce serait leur faire un très beau cadeau que de rentrer dans leur jeu". SOS Racisme a appelé à une minute de silence jeudi.

Le président du Conseil représentatif des associations noires (Cran), Louis-George Tin, a vu aussi dans cet acte une volonté de "créer un climat de haine". Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) a appelé "à la plus grande vigilance contre toute forme d’intégrisme et de fanatisme".

"L'islamisme fanatique procède par lâcheté pour essayer de s'imposer sur la Terre entière, c'est le même combat mené en Syrie, en Irak, à Gaza et maintenant dans les rues de Paris, où par surcroît on attaque la liberté d'expression", a affirmé le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Roger Cukierman.

"Malheureusement le pire est à venir pour la France et l'Europe", a dit Patrick Karam, président de la coordination Chrétiens d'Orient (Chredo), appelant à "éradiquer" la menace terroriste tout en demandant de "ne pas faire d'amalgame avec l'islam".

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