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Chez ses geôliers talibans, le soldat Bergdahl a fêté Noël et joué au badminton

Pendant ses cinq ans de captivité chez les talibans afghans, le soldat américain Bowe Bergdahl a bu beaucoup de thé vert, joué au badminton et même fêté Noël avec ses geôliers islamistes, selon un chef rebelle de la région.

Le sergent Bergdahl, seul soldat américain capturé par les talibans depuis le début du conflit en 2001, a été relâché samedi en échange de cinq cadres de l'ancien régime taliban détenus à Guantanamo, une opération réalisée sous le parrainage du Qatar selon Washington.

Après sa capture fin juin 2009, Bergdahl a été détenu dans plusieurs endroits le long de la frontière afghano-pakistanaise, parsemée de bastions talibans, selon plusieurs sources rebelles.

Dimanche, un commandant pakistanais du réseau Haqqani, puissante branche des talibans très liée à Al-Qaïda et très influente dans cette région, a fait à l'AFP le portrait d'un homme qui a su s'adapter à sa captivité en échangeant avec ses geôliers, sans pour autant renier son identité.

Il s'est ainsi mis à leur diapason en matière de boisson, en consommant du thé vert afghan toute la journée. "Il aimait beaucoup cela. Il le préparait souvent lui-même et en buvait toute la journée", a déclaré le commandant, au téléphone et d'un lieu inconnu situé dans les zones tribales.

En revanche, contrairement aux talibans, gros mangeurs de viande, le soldat américain "aimait les légumes et ne demandait de la viande qu'une ou deux fois par semaine", a-t-il assuré.

Avec le temps, Bowe Bergdahl, aujourd'hui âgé de 28 ans, a appris à parler couramment les deux principales langues de l'Afghanistan, le dari (persan) et le pachto (langue de l'ethnie pachtoune dont sont issus la majorité des talibans), a-t-il ajouté.

Si ses geôliers ont tenté de lui apprendre les principes de l'islam, notamment en lui fournissant des livres religieux, il a préféré d'autres activité plus terre à terre. "Il passait plus de temps à jouer au badminton ou à aider à préparer les repas", a dit le commandant. "Il adorait le badminton et jouait toujours avec ses gardiens. En fait, il a appris à jouer à beaucoup de combattants".

Le natif de l'Idaho mettait un point d'honneur à célébrer les fêtes chrétiennes comme il le faisait chez lui, selon la même source. "Il n'en manquait aucune. Il parlait à ses gardiens de Noël et de Pâques des semaines à l'avance, et les fêtait avec eux".

Ce récit n'a pas étonné l'analyste pakistanais Imtiaz Gul, spécialiste des mouvements rebelles de la région. Selon lui, les talibans le considéraient comme "un actif de très haute valeur", et "le maltraiter aurait eu des conséquences négatives" sur leur image.

- Transféré au Pakistan -

Ces éléments sur la vie en captivité du sergent Bergdahl sont les premiers à émerger depuis une vidéo diffusée par les talibans à l'été 2009, un mois après sa capture.

Le soldat américain y déclarait avoir été fait prisonnier "hors de (sa) base militaire" alors qu'il avait été "distancé par sa patrouille". Il s'y montrait également très ému et perturbé en évoquant sa famille.

Plusieurs sources talibanes ont indiqué, à l'époque comme aujourd'hui, que Bowe Bergdahl était "saoul" lorsqu'il a été capturé, des allégations jamais commentées par l'armée américaine.

Certaines de ces sources ont affirmé qu'il avait été capturé par un groupe criminel lié aux talibans, avant de tomber aux mains du mollah Sangeen Zadran, un important commandant du réseau Haqqani, connu pour ses sanglantes et spectaculaires attaques contre l'Otan et ses alliés, notamment à Kaboul.

"Sangeen l'a d'abord gardé dans les provinces de Paktika, Paktia et Khost", dans le sud-est de l'Afghanistan, a raconté le commandant interrogé par l'AFP.

Mais après la mort de Zadran, tué par un tir de drone américain en septembre 2013, il a été transféré du côté pakistanais de la frontière, dans le Waziristan du Nord, considéré comme la principale base arrière d'Haqqani.

Pendant sa captivité, le sergent Bergdahl est apparu dans plusieurs vidéos diffusées par les talibans, le visage parfois émacié et dénonçant notamment la présence américaine en Afghanistan. Des propos peut-être tenus sous la contrainte, et sur lesquels il ne devrait pas manquer d'être interrogé à son retour aux Etats-Unis.

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