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Chine: des diplomates refoulés du domicile de la veuve du dissident Liu Xiaobo

Cinq diplomates occidentaux, dont un Allemand et un Français, ont été refoulés du domicile de la veuve du dissident chinois Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix décédé l'an dernier en détention, a-t-on appris dimanche de sources diplomatiques.

Les diplomates, représentant cinq ambassades occidentales, ont tenté vendredi matin de se rendre au domicile pékinois de la poétesse Liu Xia, de facto placée en résidence surveillée depuis que son époux Liu Xiaobo a obtenu en 2010 son prix Nobel.

Ce dernier est décédé l'an dernier d’un cancer alors qu’il était toujours formellement placé en détention pour "subversion". Liu Xia a été par la suite maintenue aux arrêts domiciliaires, alors qu'elle n'a jamais fait l’objet de poursuites ou d’une condamnation.

Outre le Français et l'Allemand, des représentants des ambassades respectives du Canada et de l'Union européenne (UE) à Pékin faisaient également partie du groupe des cinq diplomates, selon des sources diplomatiques distinctes.

Certains diplomates ont été bloqués par des gardiens à l’entrée du complexe résidentiel où vit Mme Liu et d’autres au pied de son immeuble, ont précisé les sources.

Les gardiens ont procédé au contrôle de l'identité des cinq diplomates sans préciser pourquoi il n’était pas possible de rendre visite à la poétesse.

Liu Xia, 57 ans, est officiellement "libre" de ses mouvements, répètent les autorités chinoises.

La rare tentative des ambassades occidentales survient quelques jours après des informations inquiétantes sur l’état psychologique de Mme Liu.

L'un de ses proches, l'écrivain Liao Yiwu, qui vit en exil en Allemagne, a rapporté que la poétesse lui avait confié lors d’un appel téléphonique qu’elle était prête à "se laisser mourir", les autorités chinoises lui interdisant de quitter le pays.

L'ambassade d'Allemagne à Pékin s'était tenue prête début avril à organiser le transfert de Mme Liu vers Berlin mais l'opération n'a pu se faire, avait expliqué M. Liao.

Dans un entretien récent au quotidien hongkongais South China Morning Post, l'ambassadeur d'Allemagne à Pékin, Michael Clauss, avait assuré que l'Allemagne était prête à accueillir la veuve du dissident, dont les Etats-Unis et l'Union européenne réclament par ailleurs la libération.

A Paris, le ministère français des Affaires étrangères avait rappelé avoir demandé à plusieurs reprises aux autorités chinoises d'assurer "la liberté de mouvement de Mme Liu Xia ainsi que celle de sa famille".

Interrogée au sujet de ces appels diplomatiques et des propos de Liu Xia, le ministère chinois des Affaires étrangères avait assuré début mai "ne pas être au courant".

"Liu Xia est une ressortissante chinoise et les organismes chinois concernés gèrent ces questions conformément à la loi", avait simplement indiqué à la presse Hua Chunying, porte-parole du ministère.

En décembre, Liao Yiwu s'était déjà dit inquiet de l'état psychologique de Liu Xia, indiquant qu'elle prenait "beaucoup de médicaments pour contrôler sa dépression".

Son mari Liu Xiaobo avait été condamné en 2009 à onze ans de prison pour "subversion". Le régime lui reprochait notamment d'avoir corédigé un manifeste, la Charte 08, prônant des élections libres en Chine.

Le dissident est mort d'un cancer du foie en juillet 2017, toujours en détention, sans que Pékin cède aux appels de l'Occident à le laisser partir à l'étranger pour se soigner.

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