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Cinq ans après sa mort, Angers honore la photographe Camille Lepage

Cinq ans après la disparition de la photojournaliste indépendante Camille Lepage, assassinée à 26 ans lors d'un reportage en Centrafrique, Angers, sa ville natale, lui rend hommage à travers, notamment, deux expositions de ses photos dans les régions africaines en conflit.

Baptisée "Pure colère", la première met en scène des images du livre éponyme (Ed. de La Martinière, 2017), dont une grande partie sont présentées pour la première fois au public, jusqu’au 2 juillet à la galerie Dityvon, à la bibliothèque universitaire Saint-Serge.

Elle s’ouvre sur la dernière photo partagée par Camille Lepage sur Instagram, le 6 mai 2014, six jours avant sa mort, dans la région d’Amada Gaza (ouest de la Centrafrique), près de la frontière camerounaise où elle avait choisi d’accompagner un groupe anti-balaka en patrouille.

On y voit le commandant du groupe téléphonant au milieu d’une route baignant dans la brume, entouré de quatre de ses hommes. Une image où perce, comme dans beaucoup d’autres, la tension extrême du conflit meurtrier que se livraient milices chrétiennes anti-balaka et groupes d’ex-seleka (à dominante musulmane).

Réfugiés, déplacés, victimes… L’exposition traduit aussi la grande proximité de la photoreporter avec les populations civiles touchées par la guerre et sa volonté d’en restituer les émotions et la dignité.

"Cette galerie, comme le photographe dont elle porte le nom, est plutôt dédiée à la photo d’auteur. Mais Camille Lepage, c’est bien un travail d’auteur au service du journalisme. Son sens de l’engagement ne pouvait pas être passé sous silence ici", explique Lucie Plessis, responsable de la Galerie Dityvon.

Une seconde exposition, à la médiathèque Toussaint, sous le titre "Une fragile poésie", fait voisiner les images de la reporter avec celles de la photographe et vidéaste franco-marocaine Leïla Alaoui, tuée lors des attentats de Ouagadougou au Burkina Faso en janvier 2016.

Présentée en 2018 à Marrakech, elle est née de la rencontre entre Maryvonne Lepage et Christine Alaoui, mères des deux photographes qui ont choisi de faire vivre l’œuvre de leurs filles via une fondation.

"Nous vivons des choses similaires. Cette exposition, c’est l’occasion pour certains de découvrir le travail de Camille, pour d’autres de le redécouvrir", explique Maryvonne Lepage.

"A Angers, où on ne la connaissait pour ainsi dire pas, les gens se sont un peu appropriés son travail", estime Mme Lepage. Et dans les écoles "les photos de Camille permettent d’ouvrir de nombreux sujets : la liberté de la presse, les pays en conflit…".

Un film sur la vie de Camille Lepage réalisé par Boris Lojkine, tourné en partie à Angers et en Centrafrique, est annoncé pour l’automne.

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