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Climat: "Que peut faire le ski pour perdurer?", se demande Mikaela Shiffrin

La triple tenante du titre du gros Globe Mikaela Shiffrin, qui skie de record en record, semble consciente que l'avenir de son sport s'écrit en pointillés avec le réchauffement climatique, et se demande dans un entretien avec l'AFP si elle "ne rate pas l'essentiel".

"Dans peut-être 40 ans on ne skiera plus", s'inquiète l'Américaine de 24 ans aux 62 victoires en Coupe du monde.

QUESTION: Observez-vous en tant que skieuse la fonte de certains glaciers?

REPONSE: "Oui, je m'y entraîne moins qu'avant mais c'est évident, par exemple quand nous allons à Sölden chaque année (en Autriche pour l'ouverture de la saison sur le glacier du Reiteralm), la glace se transforme en terre."

Q: Le ski est un sport de nature, mais présente un important impact carbone…

R: "Nous dépendons de la nature et nous ne sommes pas capables de réduire notre propre impact sur elle… C'est une énorme contradiction. J'y pense souvent. Que peut faire le ski de compétition pour perdurer ? Combien de temps allons-nous encore avoir de la neige ? Pendant la saison, j'ai malheureusement tellement d'autres choses en tête… Au quotidien, j'essaie de tout bien faire, je skie, je m'entraîne… mais ensuite je réalise que dans peut-être 40 ans on ne skiera plus. Je me demande en ce moment si je ne suis pas en train de rater l'essentiel."

Q: Que peut faire le ski pour réduire son impact carbone justement?

R: "Le premier problème, ce sont nos déplacements, presque toujours en avion. Je ne pense pas que le trafic aérien soit près de s'arrêter, trop de choses en dépendent aujourd'hui. J'ai eu quelques lectures récemment sur les avions à hydrogène par exemple qui utiliseraient moins de carburant. Ou comment voler plus vite pour réduire la durée de transport."

Q: Pensez-vous que le calendrier des compétitions soit bien pensé de ce point de vue ?

R: "Le calendrier peut clairement être amélioré. Par exemple Levi (Finlande) est l'une de mes courses favorites. Mais avant de m'y rendre, en novembre, je suis aux Etats-Unis pour l'entraînement. Ensuite je prends l'avion jusqu'en Finlande, puis je retourne à Killington aux Etats-Unis, puis à Lake Louise au Canada avant de retourner en Europe et de nouveau en Scandinavie plus tard dans la saison. Ce n'est pas du tout efficient. On pourrait par exemple prévoir un vrai circuit de compétitions aux Etats-Unis qui soit logique avec les distances de voyage les plus courtes possibles avant de retourner en Europe pour de bon. Ce serait bon également pour la santé des athlètes. La saison prochaine, par exemple, on se rend en Chine à Yanqing pour le +test-event+ (avant les Jeux de 2022), mais on ne reste qu'une semaine, et hop, on repart..."

Q: Serait-il possible de réunir plus souvent les compétitions femmes et hommes ?

R: "Clairement oui, beaucoup de sports le font déjà, permettant à tout le monde de voyager ensemble. Ce serait intéressant en ski alpin (c'est déjà le cas pour les étapes d'ouverture et de clôture de la saison)."

Q: Vous êtes la N.1 mondiale, pourriez-vous prendre la parole au nom de tous les skieurs pour soulever ces questions ?

R: "Je suis encore jeune. D'année en année, je prends confiance et je prends de plus en plus la parole, me sentant plus à l'aise pour exprimer publiquement des opinions personnelles. Mais pour parler à la FIS (Fédération internationale de ski), il faut que tous les athlètes soient ensemble. Une personne seule ne peut rien, les skieurs, même les plus influents, finissent par passer de mode et sont remplacés par des plus jeunes."

Propos recueillis par ROBIN GREMMEL

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