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Colombie : l'ELN persiste à maintenir le dialogue de paix malgré ses attentats

Le processus de paix avec l'Armée de libération nationale (ELN) est au bord du gouffre. Les récents attentats de la dernière guérilla de Colombie semblent avoir fait perdre patience au gouvernement. Mais les rebelles ne voient pas de raison de rompre les pourparlers.

"Je ne vois pas de motif pour un gel, ni pour une rupture définitive", a affirmé Pablo Beltran, le chef négociateur de l'ELN, dans un entretien avec l'AFP à Quito, la capitale de l'Equateur où se déroulent les négociations.

Le guérillero s'exprimait après les attentats qui, le week-end dernier, ont causé la mort de sept policiers et fait des dizaines de blessés et ont conduit le président Juan Manuel Santos à geler le dialogue avec l'ELN, entamé en février pour mettre fin à plus d'un demi-siècle de confrontation armée.

M. Beltran se dit à cet égard disposé à immédiatement reprendre les pourparlers et à négocier un "nouveau et meilleur" cessez-le-feu bilatéral, le premier jamais conclu avec les rebelles s'étant terminé le 10 janvier. Il défend toutefois l'autonomie d'action des différents fronts de cette guérilla apparue en 1964 et inspirée de la révolution cubaine. Et il avertit le chef de l'Etat que l'ELN n'agit pas "sous la menace".

Voici des extraits de cet entretien :

- Comment analysez-vous l'annonce du président Santos de geler les négociations ?

C'est une question de deux poids-deux mesures : eux peuvent maintenir leurs opérations militaires, mais nous devons suspendre les nôtres. Nous l'avons dit : suspendons-les des deux côtés, concluons un nouveau cessez-le-feu (...) En Colombie, il y a des actions, il y a un conflit et je ne peux invoquer le fait qu'il y ait eu l'une ou l'autre action pour ne pas aller aux réunions des pourparlers (...) Les négociations dépendent de deux (parties). Nous réglons les problèmes en parlant.

- Le chef de l'Etat a reproché à l'ELN un "manque de cohérence" et le gouvernement a mis en doute la cohésion du commandement de la guérilla...

Je pourrais en dire de même (du gouvernement). Le cessez-le-feu n'était pas terminé que déjà le ministre de la Défense disait que "si l'ELN ne (le) proroge pas, il va y avoir une offensive militaire de grande envergure". Ça c'est une menace ! Qu'est-ce que c'est que cette volonté politique ? L'ELN n'agit pas sous la menace (...) Je ne vois pas de motif pour un gel, ni pour une rupture définitive. Mon mandat implique qu'en dépit de toutes les difficultés qu'il y a, il faut persister et ne pas quitter la table des négociations (...) Chacun des fronts a ses motivations. Il n'y a pas eu à partir du 10 janvier d'ordre national de lancer une offensive. Mais il n'y a pas eu non plus d'ordre de ne pas riposter militairement là où c'était nécessaire.

- Les négociations sont-elles à un point critique ?

Ces pourparlers ont connu plusieurs moments de crise (...) Nous aspirons à pouvoir résoudre celle-ci. Ce n'est pas que nous soyons habitués aux crises mais, pour autant, elles ne nous effraient pas. Tourner la page de la guerre n'est pas facile. Ce sont des accords difficiles et il faut faire des efforts (...) Nous sommes là, disponibles et nous ne posons aucune condition pour reprendre le cycle (des négociations) (...) Il faut récupérer les avancées du cessez-le-feu précédent et résoudre les problèmes qui se sont posés.

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