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Condamné pour saccage au G8 de Gênes, Vecchi obtient un sursis devant la justice française

L'ex-militant anticapitaliste italien Vincenzo Vecchi, arrêté en Bretagne après des années de cavale, a obtenu mercredi un sursis devant la justice française à Rennes, qui se prononcera le 23 août sur une demande d'information du parquet et de la défense, avant d'envisager toute remise aux autorités italiennes.

Silhouette mince, cheveux gris clairsemés, petite moustache et lunettes, pull sombre: Vincenzo Vecchi, condamné à 12 ans pour "saccage" lors de la contre-manifestation du G8 de Gênes en juillet 2001, lors duquel un manifestant avait trouvé la mort, est arrivé menotté et escorté par les gendarmes vers 10H00 à la cour d'appel de Rennes.

Sur le parvis du tribunal, plus de 250 personnes s'étaient rassemblées pour soutenir ce peintre en bâtiment de 46 ans qui vivait depuis huit ans dans les environs de Rochefort-sur-Terre (Morbihan) jusqu'à son arrestation jeudi dernier.

Devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes, l'avocat général et l'avocate de Vincenzo Vecchi, Me Catherine Glon, ont demandé un complément d'information en vue "notamment de vérifier" que la décision de justice rendue pour les faits reprochés au G8 de Gênes "a été rendue dans des conditions respectant le principe de contradictoire et de s’assurer que la peine n’est pas prescrite".

Devant la cour d'appel, parmi les soutiens à Vecchi, beaucoup portaient des affichettes sur lesquelles était écrit "Libérez Vincenzo". "Ni prison ni extradition" pouvait-on lire sur une large banderole.

Les soutiens au ressortissant italien avaient fait le déplacement depuis la commune bretonne et des villages voisins, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Rennes.

- "Irréductibles gaulois" -

"Les irréductibles gaulois sont arrivés", a déclaré à l'AFP Jean-Pierre, un des porte-parole du comité "soutien Vincenzo" qui craint "qu'on s'achemine vers un procès politique" et refuse que le gouvernement de Matteo Salvini fasse de Vecchi "un trophée de chasse".

Touchés par l'arrestation de l'Italien, ils espéraient un "report ou une annulation" de la procédure.

Dans la salle d'audience, peu après 11H00, démarre la lecture du procès-verbal d'infractions par la présidente de la chambre de l'instruction.

"Dévastation continue en complicité", "pillage", "port d'arme" et "d'objets explosifs", des cocktails Molotov: derrière le box vitré, l'Italien, sous le coup de deux mandats d'arrêt, écoute calmement les infractions qui lui sont reprochées, adressant discrètement clins d’œil et sourires à ses quelques soutiens dans la salle.

"Vous étiez présent lors de cette audience ?" à Milan en 2008, demande la présidente à Vecchi qui acquiesce et confirme d'une voix grave auprès de son interprète.

A la demande de la présidente, l'avocat général prend la parole et estime que la décision de Gênes en 2009 - la plus lourde qui a condamné Vecchi à 12 ans, à laquelle se réfère l'un des deux mandats d'arrêt - ne pourrait être mise à exécution. Une "demande incomplète" selon le magistrat qui note en revanche que celle de Milan, qui l'a condamné à quatre ans, permettrait à la justice française de remettre Vecchi à l'Italie.

"Cela me semble extrêmement problématique en droit. Nous sommes dans le cadre de peines concurrentes", plaide Me Glon, pour qui "il manque un certain nombre d'éléments essentiels" concernant la décision de Gênes. "Nous avons un cumul d'infractions qu'on ne peut pas discuter, mais chaque peine prononcée doit avoir une explication", insiste l'avocate.

A l'issue de l'audience, Me Glon s'est réjouie que "l'avocat général ait reconnu, comme la défense, que des renseignements qui ont été fournis par les autorités judiciaires italiennes sont tout à fait insuffisants pour ce qui concerne la décision la plus importante prononcée à Gênes".

Pour elle "cela montre bien l'indépendance de la justice française".

Sur les marches du tribunal, Jean-Baptiste, l'un des piliers du comité "Vincenzo", vient rendre compte des débats à l'audience à la foule rassemblée sous une pluie fine.

"Nous l'avons vu, ça va, ça tient, on peut y aller !" lance-t-il déclenchant la ferveur et les applaudissements des soutiens de l'Italien.

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