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Conférence de Bahreïn: le Hamas dénonce un acte de "normalisation" avec Israël

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a appelé jeudi à l'annulation de la conférence prévue la semaine prochaine à Bahreïn sur le volet économique du plan américain pour résoudre le conflit israélo-palestinien, la dénonçant comme une acte de "normalisation" des Etats arabes avec Israël.

"Nous disons clairement que nous n'acceptons pas (...) qu'un quelconque pays arabe ou musulman soit l'hôte de telles conférences qui constituent (un acte de) normalisation avec l'occupant" israélien, a déclaré le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, lors d'une conférence de presse dans la bande de Gaza gouvernée par ce mouvement.

M. Haniyeh a pressé le roi Hamad de Bahreïn de prendre "une décision forte et de ne pas accueillir cette réunion de travail à la face de Dieu et du peuple palestinien". Il a annoncé, sans plus de précision, des actes de protestation dans les Territoires palestiniens avant la conférence.

L'administration Trump organise mardi et mercredi à Manama, capitale de Bahreïn, une conférence économique censée préluder à la présentation de l'initiative diplomatique attendue depuis des mois.

L'idée est de faire miroiter aux Palestiniens, confrontés à la crise, un développement spectaculaire en cas de paix avec Israël. Des Israéliens doivent participer à la conférence.

La participation du Hamas, qui refuse de reconnaître l'existence d'Israël et est considéré comme une organisation terroriste par l'Etat hébreu et les Etats-Unis, est exclue à une conférence organisée par l'administration Trump, qui a manifesté un soutien sans faille au gouvernement israélien.

Le Hamas et Israël se sont livré trois guerres depuis 2008.

- "Situation économique intenable" -

Mais l'Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas, interlocutrice reconnue de la communauté internationale et rivale du Hamas, sera également absente à Bahreïn.

Depuis décembre 2017, elle a gelé les contacts avec les Américains, discrédités selon elle par un parti pris outrancier. Elle accuse l'administration Trump d'essayer, à Manama, d'acheter les Palestiniens qui devraient renoncer à leurs revendications politiques, dont la création d'un Etat indépendant, contre des promesses économiques.

"Nous rejetons la conférence de Manama et l'entreprise qui consiste à faire de la cause palestinienne une cause économique et non plus politique", a abondé M. Haniyeh lors de cette rare rencontre avec la presse étrangère, alors que le Hamas est à couteaux tirés avec l'Autorité palestinienne.

La conférence de Manama est supposée poser les jalons du plan politique de l'administration Trump. Ce plan fait face à un grand scepticisme quant aux chances du président américain de parvenir à ce qu'il a appelé "l'accord (diplomatique) ultime". Sa présentation même est mise en doute.

La Banque mondiale dresse un tableau sombre des Territoires palestiniens, parlant d'une "situation économique intenable" en l'absence de solution au conflit avec Israël et de réconciliation entre organisations palestiniennes. Elle faisait état en avril d'une "dégradation abrupte" à Gaza et d'un ralentissement en Cisjordanie, et d'un chômage de 52% à Gaza.

L'économie gazaouie étouffe sous un rigoureux blocus israélien, nécessaire selon l'Etat hébreu pour contenir le Hamas.

- "Zone dangereuse" -

Gaza a connu depuis 2018 une succession d'accès de violence. Le dernier en date début mai a fait craindre une nouvelle guerre entre Israël et groupes armés palestiniens.

Les Palestiniens avaient annoncé un cessez-le-feu et le retour à un accord préalablement conclu en novembre en vertu duquel le Hamas maintiendrait le calme en échange de mesures améliorant les conditions de vie à Gaza.

Jeudi, des milliers de familles pauvres à Gaza ont reçu chacune 100 dollars du Qatar, rare soutien du Hamas. La distribution de cette aide, supposée primordiale pour dissiper les tensions, est possible parce qu'Israël laisse entrer l'argent dans le territoire.

M. Haniyeh a cependant accusé les Israéliens de ne pas tenir leurs engagements. "Les accords sont aujourd'hui dans une zone dangereuse parce que l'occupant n'applique pas ce qui a été convenu".

"Nous ne sommes pas contre une paix juste (avec Israël) sur la base de droits équitables, mais nous sommes contre toute reddition", a-t-il dit.

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