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Venezuela: les soutiens de l'opposant Guaido misent sur les sanctions américaines pour faire partir Maduro

La cinquantaine de pays qui soutiennent l'opposant vénézuélien Juan Guaido dans son bras de fer avec Nicolas Maduro misent sur les sanctions américaines prises lundi contre Caracas pour provoquer la chute du président socialiste, selon le chef de la diplomatie péruvienne Néstor Popolizio.

"Nous savons qu'elles vont avoir un impact réel sur le régime de Maduro et nous espérons qu'elles permettront au plus vite le départ de ce régime", a déclaré mardi soir M. Popolizio à l'issue d'une conférence internationale convoquée par le Groupe de Lima, composé d'une douzaine de pays latino-américains et du Canada.

"Je vous invite à renouveler notre soutien au président Juan Guaido", qui s'est auto-proclamé chef de l'Etat par intérim le 23 janvier, avait lancé le ministre en ouverture de cette conférence, au lendemain d'un net durcissement des sanctions américaines contre Caracas.

Absent à Lima, l'opposant a remercié sur Twitter "les démocrates du monde unis pour le Venezuela", soulignant que se mettaient en place "la pression et les soutiens nécessaires pour matérialiser le changement" dans son pays. "Nous allons réussir", a-t-il affirmé.

Les Etats-Unis, suivis par une cinquantaine de pays, ont été les premiers à reconnaître le chef de file de l'opposition. Washington et l'Union européenne ont multiplié depuis les sanctions contre les dirigeants vénézuéliens.

Outre une délégation américaine de haut rang, menée par le secrétaire au Commerce Wilbur Ross et le conseiller à la sécurité nationale John Bolton, participaient à la réunion des délégués du Vatican, de France, d'Allemagne, du Royaume-Uni, d'Australie, de Corée du Sud, d'Israël, des Emirats arabes unis, d'Afrique du Sud et de 18 pays latino-américains.

En revanche, les soutiens de Nicolas Maduro, de la Chine à la Russie, en passant par Cuba et la Turquie, ont décliné l'invitation.

- "Tous les outils adaptés" -

Donald Trump a ordonné un gel total des biens aux Etats-Unis du gouvernement vénézuélien, a fait savoir lundi soir la Maison Blanche, qui a indiqué que toute transaction avec les autorités vénézuéliennes était également interdite.

Ces nouvelles initiatives interviennent alors que les mesures prises depuis le début de l'année pour soutenir les adversaires de Nicolas Maduro n'ont pas eu de résultat décisif. Dans le même temps, le désenchantement gagne les partisans de Juan Guaido.

Ces mesures "autorisent le gouvernement américain à identifier, cibler et imposer des sanctions à toute personne qui continue à soutenir le régime illégitime de Nicolas Maduro", a déclaré John Bolton lors de son discours à Lima, faisant allusion notamment à Moscou et Pékin.

"C'est la première fois en 30 ans que nous imposons un gel des avoirs contre un gouvernement dans cet hémisphère", a-t-il ajouté, expliquant que le Venezuela était désormais au même niveau que des pays comme la Corée du Nord, l'Iran, la Syrie et Cuba.

Quasiment au même moment, la Maison Blanche annonçait dans un communiqué que les Etats-Unis utiliseraient "tous les outils adaptés" pour mettre fin à la "dictature" de Nicolas Maduro au Venezuela.

En réaction, Caracas a accusé Washington de "terrorisme économique" et de chercher à provoquer une rupture du dialogue entre représentants du gouvernement et de l'opposition, qui se déroule depuis début juillet à La Barbade sous médiation de la Norvège.

Devant la presse lundi à Lima, John Bolton avait exprimé son scepticisme sur l'issue de ces négociations.

- "Escalade" -

Mais le gouvernement de Nicolas Maduro "ne permettra pas que cette escalade tendancieuse d'agressions affecte" les pourparlers qui se tiennent sur l'île caribéenne, a-t-il annoncé. Juan Guaido a confirmé que le dialogue "continuait".

Selon le gouvernement norvégien, les délégués des deux camps se sont engagés à trouver une solution "constitutionnelle" à la crise vénézuélienne. La plateforme de dialogue travaille "de manière continue", indique le dernier communiqué d'Oslo daté de vendredi, sans préciser la date de la prochaine réunion.

De son côté, la diplomatie russe, citée par l'agence de presse Ria Novosti, a également dénoncé mardi le "terrorisme économique" que représente le gel des avoirs vénézuéliens aux Etats-Unis, qui n'a "aucune base légale".

"Le gouvernement des Etats-Unis, frustré par le courage et la résistance de la révolution bolivarienne, a désormais recours, de manière lâche, à un gel des avoirs vénézuéliens. C'est un vol et un acharnement que nous ne pouvons pas tolérer. Nous sommes solidaires avec Nicolas Maduro et le peuple vénézuélien", a réagi le président cubain Miguel Diaz-Canel sur Twitter.

Sous la présidence de M. Maduro, héritier du président Hugo Chavez (1999-2013), le Venezuela s'est enfoncé dans la plus grave crise économique, sociale et politique de son histoire moderne. Quelque 3,3 millions de Vénézuéliens se sont exilés depuis 2015, selon l'ONU.

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