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Contestation au Soudan: Béchir accuse des "comploteurs" d'être derrière les violences

Le président soudanais Omar el-Béchir a accusé mardi des "comploteurs" d'avoir provoqué les violences durant les manifestations antigouvernementales déclenchées le 19 décembre par la hausse du prix du pain dans un pays en plein marasme économique.

Dans la journée, des centaines de manifestants ont tenu un "rassemblement pour les martyrs" à Al-Gadaref, selon les termes des organisateurs, en hommage aux six personnes tuées lors de protestations le mois dernier dans cette ville de l'est du pays, selon des témoins.

S'exprimant devant des soldats sur une base près de la localité d'Atbara où avait eu lieu la première manifestation en décembre, M. Béchir a déclaré: "Ce sont ceux qui ont comploté contre nous et introduit des traîtres parmi nous qui ont provoqué des incendies et causé des dégâts" lors des manifestations.

Au début des manifestations commencées le 19 décembre dans plusieurs villes et villages avant de gagner la capitale Khartoum, plusieurs bâtiments et bureaux du parti du Congrès national (NCP) de M. Béchir ont été incendiés.

Au moins 19 personnes, dont deux membres des forces de sécurité, ont été tuées selon les autorités. Amnesty International a fait état de la mort de 37 manifestants et l'ONU a appelé à une enquête indépendante.

Les manifestations contre la cherté de vie et les pénuries se sont rapidement transformées en un mouvement contre le régime Béchir.

M. Béchir s'en est pris à des groupes politiques ayant appelé à un changement de régime au Soudan.

"Certains disent que l'armée est en train de prendre le pouvoir", a-t-il dit, cité par l'agence officielle Suna. "Je n'ai aucun problème avec ça, car l'armée a toujours été le gardien de la sécurité de notre pays", a-t-il ajouté sans autre précision.

- Les Occidentaux "consternés" -

Pour des experts, ce mouvement de contestation constitue la plus grande menace au régime de M. Béchir depuis le coup d'Etat qui l'a amené au pouvoir avec le soutien des islamistes en 1989.

Lors de la manifestation à Al-Gadaref, le marché principal a fermé et les protestataires rassemblés dans le centre-ville, ont scandé: "paix, justice, liberté" et "la révolution est le choix du peuple".

La police a tiré des lacrymogènes sur des manifestants qui voulaient à marcher en direction du siège du conseil local, ont rapporté des témoins. Certains protestataires ont toutefois réussi à pénétrer dans l'enceinte du bâtiment et l'un d'eux a lu le texte d'une pétition réclamant le départ de M. Béchir, a indiqué par téléphone à l'AFP un témoin.

Le rassemblement a été organisé par l'Association professionnelle soudanaise, constituée d'enseignants, médecins et ingénieurs, et qui est à l’origine de plusieurs manifestations.

Plus de 800 manifestants ont été arrêtés depuis le début du mouvement de contestation, selon les autorités.

La Grande-Bretagne, la Norvège, les Etats-Unis et le Canada se sont dits "consternés par les informations faisant état de morts et de blessés graves" et par "l'usage de balles réelles contre les manifestants".

Ils ont exhorté, dans un communiqué commun, Khartoum à faire de sorte qu'"une enquête indépendante et transparente sur la mort de manifestants soit menée le plus tôt possible, et que les responsables rendent des comptes".

Le communiqué appelle aussi Khartoum à libérer les personnes détenues sans charges, prévenant que les actions du gouvernement "auraient un impact" sur ses relations avec les quatre pays.

Amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, le pays est confronté à une inflation de près de 70% par an et à une grave crise monétaire. Plusieurs villes souffrent de pénuries de pain et de carburant.

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