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Contraintes, bourrages d'urnes,...: des milliers d’irrégularités dénoncées lors de l'élection présidentielle russe

Electeurs transportés par autocars entiers par la police, observateurs menacés, bourrages d'urnes: l'opposition russe et des ONG ont dénoncé des milliers d'irrégularités lors de la présidentielle de dimanche en Russie, visant surtout à augmenter la participation pour un scrutin sans suspense. L'ONG Golos, spécialisée dans la surveillance des élections et qui dresse une carte des fraudes sur son site internet, faisait état vers 12H45 de 2.033 cas d'irrégularités tels que du bourrage d'urnes, des cas de votes multiples ou des entraves au travail des observateurs.


Des contraintes exercées par des employeurs ou universités

Le mouvement du principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, qui affirme avoir dépêché plus de 33.000 observateurs dans les bureaux de vote, a rapporté également des centaines de cas de fraudes, surtout à Moscou et sa région, à Saint-Pétersbourg et en Bachkirie dans l'Oural. Golos s'est inquiétée notamment d'informations faisant état de contraintes exercées par des employeurs ou universités forçant employés et étudiants à voter non pas à leur lieu de domicile mais sur leur lieu de travail ou d'étude, "où l'on peut contrôler leur participation au scrutin".

L'élection semblant jouée d'avance aux yeux de nombreux Russes, avec la victoire annoncée de Vladimir Poutine, le Kremlin a tout fait pour s'assurer que la participation, seul véritable baromètre de ce scrutin, soit aussi forte que possible dimanche. Pour doper le taux de participation à Iakoutsk, dans l'Extrême-Orient russe, "on a promis aux électeurs des poulets" en échange de leur vote, a ainsi rapporté Ivan Jdanov, juriste de l'équipe de M. Navalny. Des coupons de réductions pour des produits alimentaires, des "médailles" ou des billets pour des concerts ont aussi été distribués aux électeurs, selon des témoignages diffusés sur les réseaux sociaux.


Des bourrages d'urnes ont eu lieu dans plusieurs endroits du pays

Mais au-delà de ces incitations, des irrégularités et violations ont été souvent constatées. De nombreux bus ont été affrétés, y compris par les autorités, pour amener les électeurs aux bureaux de vote dans plusieurs régions du pays, selon les observateurs dépêchés par Alexeï Navalny et par Golos. "Dans certaines régions, les observateurs donnent un taux de participation qui est 10% plus faible" que celui donné par la commission électorale locale, a affirmé à l'AFP M. Jdanov.

Selon des vidéos filmées et diffusées par les observateurs de Golos, des bourrages d'urnes ont eu lieu dans plusieurs endroits du pays, comme à Lioubertsi, à quelques kilomètres à l'est de Moscou. Ce dernier cas a été confirmé par la Commission électorale, selon l'une des ses responsables citées par l'agence Interfax, et les bulletins ont été annulés.


On voit par exemple des nonnes dans un couvent remplir leur bulletin sous l'oeil de leur mère supérieure

Alexeï Navalny, ainsi que plusieurs sites indépendants, ont diffusé de nombreuses images d'exemples présentés comme des violations ou des pressions sur les électeurs, sans qu'il soit possible de les vérifier de manière indépendante. On voit par exemple des nonnes dans un couvent remplir leur bulletin sous l'oeil de leur mère supérieure. La Commission a également promis d'enquêter sur un cas d'apparent bourrage d'urne dans un bureau de vote de l'Extrême-Orient du pays, dont une vidéo a été diffusée sur Twitter par Alexeï Navalny, déclaré inéligible jusqu'en 2024 en raison d'une condamnation judiciaire.

Dans un bureau de vote de Grozny, en Tchétchénie, "les chiffres officiels donnés par la commission électorale sont trois fois supérieurs à ceux des observateurs indépendants", signale aussi l'ONG Golos. Les observateurs ont également dénoncé des entraves à leur travail, notamment en Tchétchénie où ils ont été "menacés physiquement" par des membres de bureaux de vote, a indiqué l'ONG OVD-Info. D'autres observateurs étaient interdits d'accès aux bureaux de vote, comme à Oufa, Kémérovo (Sibérie) et à Krasnodar (sud), selon Ivan Jdanov.

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