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COP26: les Etats trouvent un accord

Les 200 pays de la COP26 ont adopté samedi un accord pour accélérer la lutte contre le réchauffement de la planète, sans assurer de le contenir à 1,5°C ni répondre aux demandes d'aide des pays pauvres.

Baptisé "Pacte de Glasgow pour le climat", le texte a été adopté à l'issue de deux semaines de négociations éprouvantes, d'un coup de marteau du président britannique de la conférence mondiale pour le climat, Alok Sharma.

Une décennie d'ambition croissante

Témoignant de la difficulté à aboutir à cet accord, le président de la COP26 s'est dit d'une voix émue et les larmes aux yeux "profondément désolé" pour des changements de dernière minute introduits sur la question des énergies fossiles à la demande de la Chine et de l'Inde. Il avait plus tôt estimé que l'accord "inaugure une décennie d'ambition croissante" en matière de climat.

Des "circonstances nationales" autorisent les Etats à réduire leurs engagements

Sur le point critique de la limitation des températures, alors que la planète se trouve selon l'ONU sur une trajectoire "catastrophique" de réchauffement de 2,7°C par rapport à l'ère pré-industrielle, le texte appelle les Etats membres à relever leurs engagements de réductions plus régulièrement que prévu dans l'accord de Paris, et ce dès 2022. Mais avec la possibilité d'aménagements pour "circonstances nationales particulières", point qui a suscité les critiques des ONG sur les ambitions réelles du texte.

Le compromis trouvé n'assure d'ailleurs pas le respect des objectifs de l'accord de Paris, limiter le réchauffement "bien en deçà" de 2°C et si possible à 1,5°C. Mais il offre des perspectives permettant à la présidence britannique d'afficher un succès sur son objectif de voir Glasgow "garder 1,5 en vie". Les experts avertissent régulièrement que "chaque dixième de degré compte" alors que se multiplient déjà les catastrophes liées au changement climatique: inondations, sécheresses ou canicules, avec leur cortège de dégâts et de victimes.

C'est mou

"C'est mou, c'est faible, et l'objectif de 1,5°C est à peine en vie, mais il y a un signal sur la fin de l'ère du charbon. Et c'est important", a commenté Jennifer Morgan, patronne de Greenpeace International.

Changements de dernière minute sur les énergies fossiles

Le texte contient également une mention, inédite à ce niveau, des énergies fossiles, principales responsables du réchauffement de la planète et qui ne sont même pas citées dans l'accord de Paris.

La formulation a été atténuée au fil des versions et jusqu'à l'ultime minute avant l'adoption en plénière, à l'insistance notamment de la Chine et de l'Inde. La version finale appelle à "intensifier les efforts vers la réduction du charbon sans systèmes de capture (de CO2) et à la sortie des subventions inefficaces aux énergies fossiles". Une "pilule amère à avaler", mais acceptée "pour le bien commun", a regretté la représentante du Liechtenstein.

Accord sur les marchés carbone

Après un échec aux deux dernières COP, celle-ci a d'autre part réussi à mettre la dernière main aux règles d'utilisation de l'accord de Paris, notamment sur le fonctionnement des marchés carbone censés aider à réduire les émissions.

Après des échecs à Katowice en 2018 (COP24) et à Madrid en 2019 (COP25), cette COP26 a réussi à s'accorder sur des règles de fonctionnement autour de l'article 6 de l'accord de Paris. Celui-ci prévoit des mécanismes d'échange d'émissions carbone entre pays (marchés carbone). L'article 6 était le dernier gros morceau à régler pour finaliser l'ensemble des règles de mise en œuvre de l'accord de Paris sur le climat. "Cela permettra une mise en oeuvre pleine et effective de l'accord de Paris", a salué le président de la COP26, Alok Sharma.

Le sujet est particulièrement technique. L'enjeu des règles était d'éviter les doubles comptages, d'assurer une transparence suffisante ainsi qu'un bon fonctionnement de ces mécanismes qui doivent permettre, au final, d'augmenter les efforts d'atténuation des changements climatiques via une réduction accrue des émissions de gaz à effet de serre. Des mauvaises règles auraient en effet menacé de saper l'accord de Paris et des ONG, ainsi que l'Union européenne, avaient affirmé par le passé qu'il valait mieux une absence d'accord que de mauvaises règles du jeu sur les marchés carbone.

Pas d'accord sur l'aide aux pays pauvres

Le dossier explosif de l'aide aux pays pauvres, qui a un temps semblé pouvoir faire dérailler les négociations, n'a par contre pas trouvé de résolution.

Echaudés par la promesse toujours non tenue des plus riches de porter à partir de 2020 leur aide climat au Sud à 100 milliards de dollars par an, les pays pauvres, les moins responsables du réchauffement mais en première ligne face à ses impacts, demandaient un financement spécifique des "pertes et préjudices" qu'ils subissent déjà.

Un tsunami de greenwashing

Mais les pays développés, au premier rang desquels les Etats-Unis, qui redoutent de possibles conséquences juridiques, s'y sont fermement opposés.

Et à contrecoeur, les pays pauvres ont cédé, acceptant une poursuite du dialogue afin ne pas perdre les avancées sur la lutte contre le réchauffement, dont les effets les menacent déjà directement. Tout en se disant "extrêmement déçus".

"C'est une insulte aux millions de personnes dont les vies sont ravagées par la crise climatique", a commenté Teresa Anderson, de l'ONG ActionAid International.

L'égérie du mouvement mondial des jeunes pour le climat, Greta Thunberg, n'était pas plus tendre, dénonçant sur Twitter "un tsunami de greenwashing" pour tenter de faire passer ce Pacte de Glasgow pour "un pas dans la bonne direction".

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