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Un ancien-président sud-coréen entendu pour corruption

L'ancien chef de l'Etat sud-coréen Lee Myung-bak a été entendu par le parquet mercredi sur des accusations de corruption, dernier ex-président du pays encore en vie à avoir maille à partir avec la justice.

Le parquet avait décidé le 6 mars de convoquer l'ancien président conservateur âgé de 76 ans, soupçonné d'avoir accepté des millions d'euros de pots-de-vin.

Cette décision signifie que les quatre anciens présidents sud-coréens encore en vie ont été à un moment ou à un autre mis en cause, poursuivis ou condamnés.

"J'ai le coeur lourd", a déclaré M. Lee à son arrivée dans les locaux du parquet à Séoul. "Je suis totalement désolé de susciter les inquiétudes du peuple".

M. Lee, qui a présidé aux destinées de la Corée du Sud entre 2008 et 2013, avait fait savoir par avance qu'il considérait cette enquête comme une "vengeance politique".

Il a espéré mercredi que ce serait la "dernière fois dans l'histoire" qu'un ex-chef de l'Etat était convoqué par le parquet. "En tant qu'ancien président, j'ai beaucoup à dire à ce sujet mais je vais mesurer mes paroles".

En Corée du Sud, les présidents ont tendance à se retrouver en prison, une fois partis du pouvoir, bien souvent à la suite d'une alternance politique.

- Thé et interrogatoire -

L'ex-présidente conservatrice Park Geun-Hye, qui avait succédé à M. Lee, attend actuellement derrière les barreaux le verdict de son procès dans le retentissant scandale de corruption qui avait entraîné sa chute l'année dernière. Trente ans de réclusion ont été requis contre elle.

L'actuel président de centre-gauche Moon Jae-In s'est engagé à la suite de cette affaire à faire le ménage dans la gouvernance de la quatrième économie d'Asie.

Le propre prédécesseur de M. Lee, Roh Moo-hyun, de centre-gauche, s'était suicidé en sautant d'une falaise après avoir été entendu sur des accusations de corruption en 2009.

Lorsque la Corée du Sud s'est démocratisée dans les années 1990, l'ancien dictateur Chun Doo-hwan et son ami et successeur Roh Tae-woo avaient été condamnés respectivement à la peine de mort et à la perpétuité pour leur rôle dans un coup d'Etat militaire en 1979 et pour avoir reçu des centaines de millions d'euros de pots-de-vin.

Leurs sentences avaient été allégées par la suite avant qu'ils ne soient graciés après deux ans environ derrière les barreaux.

M. Lee, accompagné par son avocat, a été reçu par un haut magistrat du parquet et s'est vu offrir du thé avant de pénétrer dans le bureau 1001, là où Mme Park avait enduré une audition marathon de plus de 21 heures l'année dernière.

L'ex-président devrait pouvoir rentrer chez lui après avoir été entendu. Le parquet devrait cependant demander ensuite à la justice de délivrer un mandat d'arrêt contre lui.

- Perquisitions -

Dans le cadre de ces investigations, deux de ses anciens conseillers ont été arrêtés. Les domiciles et les bureaux de ses frères ont été perquisitionnés.

L'enquête porte entre autres sur le groupe Samsung. Celui-ci est soupçonné d'avoir acheté le pardon présidentiel dont avait bénéficié en 2009 son président Lee Kun-hee, lequel avait été condamné à du sursis pour évasion fiscale.

Samsung aurait versé pour le compte de l'ancien président six milliards de wons (4,5 millions d'euros) à un cabinet d'avocats américain.

Le premier conglomérat sud-coréen comme l'ex-président rejettent ces accusations.

Certains médias rapportent que M. Lee est aussi accusé d'avoir accepté 2,2 milliards de wons de la part de l'ex-directeur général du groupe Woori Financial Lee Pal-sung pour l'aider à obtenir le poste.

Il est également soupçonné d'avoir empoché 1,7 milliard de wons de fonds secrets des renseignements, et encore 400 millions de wons de la part d'un député. Il est aussi accusé d'avoir détourné des millions d'euros dans les caisses de DAS, entreprise de pièces automobiles enregistrée aux noms de membres de sa famille mais qu'il est soupçonné de posséder en sous-main.

D'après l'agence sud-coréenne Yonhap, il a démenti mercredi être le propriétaire de DAS.

L'audition doit durer une vingtaine d'heures. Le parquet a préparé 120 pages de questions tournant autour d'une vingtaine de délits supposés.

"Nous allons traiter l'ancien président dignement mais nous allons également mener une enquête exhaustive et transparente", a dit un procureur à la presse.

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