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Coronavirus au Brésil: plus de 30.000 morts, record quotidien

Le Brésil a franchi mardi le cap des 30.000 morts du coronavirus après un record de décès en 24 heures, mais la forte progression de la maladie dans le pays n'a pas empêché Rio de Janeiro ou Sao Paulo d'amorcer un déconfinement.

Le pays a déploré 1.262 morts supplémentaires, le pire bilan quotidien depuis le 21 mai (1.188), a annoncé le ministère de la Santé.

Le Brésil, pays de 212 millions d'habitants qui représente plus de la moitié des cas de contamination et des morts du coronavirus en Amérique latine, a enregistré 555.383 cas confirmés de Covid-19, après une progression -- forte elle aussi -- de près de 29.000 contaminations en 24 heures.

Ces chiffres, dont la communauté scientifique estime qu'ils sont grossièrement sous-évalués, situent le Brésil à la 4e place mondiale pour les morts, derrière les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Italie.

Toutefois, avec 146 décès par million d'habitants, le Brésil a un ratio encore beaucoup plus bas que celui de l'Italie (554) ou des Etats-Unis (plus de 300).

Les deux Etats brésiliens les plus touchés sont Sao Paulo et Rio de Janeiro, dans le Sud-est.

Dans celui de Sao Paulo, l'évolution de la pandémie est particulièrement préoccupante, avec les chiffres les plus élevés à la fois de décès et de contaminations en 24 heures depuis l'apparition du premier cas de Covid-19 du Brésil dans cet Etat, le 26 février.

Locomotive économique et culturelle du pays, l'Etat déplorait mardi soir 7.994 décès (+327) et 118.295 cas (+6.999).

Celui de Rio de Janeiro, grand pôle touristique du pays, déplore 5.686 morts et plus de 56.000 cas de contamination.

Ces deux Etats ont pourtant entamé un début de déconfinement, que de nombreux experts ont estimé précipité au vu des taux élevés de contamination.

- Décès à domicile -

Mardi, les habitants de Rio sont retournés prudemment vers l'océan Atlantique, les surfeurs surtout, au premier jour d'un plan de retour graduel à la normale dans une ville lasse d'un confinement qui dure depuis la fin mars.

"Je crois qu'ici, dans l'eau, il n'y a pas de risque, ce n'est pas comme dans les magasins", a expliqué César Calmon, ravi d'avoir retrouvé "après 70 jours, les bonnes vagues" d'Arpoador, dans la baie d'Ipanema.

S'il n'est pas possible de s'allonger sur les kilomètres de plage de sable blond de la ville, la baignade et les activités aquatiques y sont désormais autorisées.

Au-delà des pharmacies et supermarchés restés ouverts, seuls les concessionnaires automobiles et les magasins de meubles et de décoration ont pu reprendre leurs activités, de même que les lieux de culte.

Exposant la veille son plan en six étapes jusqu'à un "retour à la normale" en août, le maire de Rio, le pasteur évangélique Marcelo Crivella, avait invoqué un taux d'occupation des lits en soins intensifs en recul, à 87%.

Un chiffre qui occulte le fait que les décès à domicile "de cause inconnue" sont exceptionnellement nombreux actuellement à Rio.

- Déconfinement précipité -

A Sao Paulo, le début de déconfinement s'est traduit par des rues plus animées. La majorité des localités de cet Etat aux 46 millions d'habitants -- autant que l'Espagne -- ont rouvert leurs centres commerciaux, agences immobilières et concessionnaires automobiles.

Mais le maire de Sao Paulo, Bruno Covas, a prolongé jusqu'au 15 juin un confinement qui n'est assorti d'aucune mesure coercitive. Une prudence confortée par les chiffres inquiétants publiés mardi.

Des scientifiques ont jugé précipité le début du déconfinement, une étape qu'aucun autre pays n'a apparemment franchie alors qu'il était encore en phase ascendante de la pandémie.

"La mairie aurait dû attendre que la courbe s'infléchisse, comme l'ont fait les autres pays qui ont commencé à diminuer leurs restrictions. Ce n'est pas du tout le cas à Rio, où la courbe reste en pleine ascension", a expliqué à l'AFP Paulo Buss, de l'institut de recherches de la Fiocruz.

Le confinement a fait l'objet de violentes confrontations entre les gouverneurs des Etats, qui ont un pouvoir décisionnaire en matière de santé publique, et un président Jair Bolsonaro appelant la population, de manière insistante, parfois provocante, à reprendre le travail pour éviter "la faim et la misère" au Brésil.

Dimanche encore, il avait pris un bain de foule à Brasilia parmi ses partisans.

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