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Crise au Venezuela - L'ONU dénonce un nombre "extrêmement élevé d'exécutions extrajudiciaires présumées"

(Belga) Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a estimé jeudi qu'il y avait un nombre "extrêmement élevé" d'exécutions extrajudiciaires présumées au Venezuela, appelant le gouvernement à dissoudre ses Forces spéciales (FAES) de sécurité.

Dans un rapport, la Haute-Commissaire Michelle Bachelet, qui s'est rendue au Venezuela du 19 au 21 juin, indique qu'au cours des dix dernières années - et surtout depuis 2016 - le gouvernement et ses institutions ont mis en oeuvre une stratégie "visant à neutraliser, réprimer et incriminer les opposants politiques et les personnes critiquant le gouvernement". Dans ses conclusions, le rapport, mandaté par le Conseil des droits de l'Homme, appelle Caracas à "dissoudre les FAES", une unité d'intervention contre le crime organisé créée en 2017, et à "établir un mécanisme national impartial et indépendant, avec le soutien de la communauté internationale, pour enquêter sur les exécutions extrajudiciaires menées pendant les opérations de sécurité". "Selon le rapport, le nombre d'exécutions extrajudiciaires présumées par les forces de sécurité, en particulier les forces spéciales (FAES), dans le cadre d'opérations de sécurité est extrêmement élevé", déclare notamment le Haut-Commissariat dans un communiqué. Le rapport indique qu'en 2018, 5.287 personnes ont été tuées dans des cas relevant de la "résistance à l'autorité", selon le gouvernement, au cours de ces opérations de sécurité. Entre le 1er janvier et le 19 mai de cette année, 1.569 autres personnes ont été tuées, toujours selon Caracas. "Le nombre de ces décès est anormalement élevé", note le rapport, qui souligne que d'après ses informations, "nombre de ces exécutions pourraient constituer des exécutions extrajudiciaires". Le Venezuela traverse depuis des mois une profonde crise politique, avec la lutte entre le président Nicolas Maduro et l'opposant Juan Guaido, qui s'est proclamé président par intérim et a été reconnu comme tel par une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis. Le pays est aussi en proie à une grave crise économique, aggravée par un embargo pétrolier et des sanctions financières imposés par Washington pour tenter de chasser M. Maduro du pouvoir, et souffre de pénuries de nourriture et de médicaments. Le Haut-Commissariat appelle par ailleurs le gouvernement vénézuélien à prendre des "mesures immédiates et concrètes pour mettre fin aux graves violations des droits économiques, sociaux, civils, politiques et culturels". Il souligne qu'"une série de lois, de politiques et de pratiques ont restreint l'espace démocratique, démantelé les contre-pouvoirs institutionnels et donné libre cours à des schémas de violations graves". "Des groupes civils armés progouvernementaux, appelés +colectivos+, ont contribué à la détérioration de la situation en exerçant un contrôle social et en aidant à réprimer les manifestations", explique l'organe onusien, qui a recensé 66 morts lors de manifestations entre janvier et mai 2019, dont 52 attribuables aux forces de sécurité gouvernementales ou aux "colectivos". Le rapport note également qu'au 31 mai, 793 personnes étaient privées arbitrairement de leur liberté et que, jusqu'à présent cette année, 22 députés de l'Assemblée nationale ont été privés de leur immunité parlementaire, dont son président Juan Guaido. (Belga)

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