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Crise en RD Congo: des hommes arrêtés, tabassés et "mis dans des camions pour une direction inconnue" à Lubumbashi

L'armée congolaise a bouclé jeudi matin un quartier de Lubumbashi, où elle procédait à des arrestations massives d'individus de sexe masculin, ont indiqué à l'AFP cinq habitants ou riverains.

Le bouclage du quartier Matshipisha-Gbadolite, dans le sud de la deuxième ville de la République démocratique du Congo, a commencé au lever du jour, vers 05h00 (03h00 GMT), selon ces sources. La veille, le gouverneur de la province du Haut-Katanga, Jean-Claude Kazembe avait dû fuir sous des jets de pierres après avoir tenté à Matshipisha une "marche de la paix" destinée à montrer que les autorités maîtrisaient la zone au lendemain d'affrontements meurtriers entre les forces de l'ordre et des jeunes hostiles au président Joseph Kabila.


"Arrestation de tous les jeunes garçons"

"L'armée vient de boucler le quartier et procède à l'arrestation de tous les jeunes garçons", adolescents et jeunes gens, a expliqué un habitant. "Tout au long de la route (goudronnée qui délimite le quartier), il y a des militaires", a déclaré par téléphone un habitant du quartier voisin. On peut voir des soldats qui "cherchent les jeunes maison par maison", a-t-il ajouté. "On arrête tout homme, avec ou sans pièce d'identité. On les met dans des camions pour une direction inconnue", a dit une habitante affirmant que deux adolescents et un homme dans la force de l'âge avaient été arrêtés dans sa parcelle. "J'ai vu passer trois camions remplis de jeunes gens", a affirmé un autre habitant.

Une situation confirmée ce matin par Francis Kalombo, député national congolais, invité de Bel RTL. "J’ai reçu des appels. On est en train de fouiller les maisons des gens, de fouiller les jeunes, on les tabasse, on vole, on pille. C’est vraiment déplorable ce qui se passe aujourd’hui."


8 personnes tuées

Capitale du Haut-Katanga, Lubumbashi est le fief de l'opposant en exil Moïse Katumbi. Mardi, Kinshasa, Lubumbashi et d'autres villes du Congo ont été le théâtre d'affrontements meurtriers. Ces heurts ont opposé les forces de l'ordre à des jeunes entendant dénoncer le maintien au pouvoir du chef de l'État à la suite du renvoi sine die de la présidentielle. A Matshipisha - quartier réputé habité par des Kasaïens - 8 personnes ont été tuées, et 47 blessées, selon la police. M. Kazembe a fait porter la responsabilité des violences à plusieurs dizaines de "voyous venus de Mbuji-Mayi et Kananga", les deux grandes villes de la région du Kasaï (centre), dont est originaire l'opposant historique Étienne Tshisekedi. M. Tshisekedi, 84 ans, a appelé à "résister pacifiquement" contre le maintien au pouvoir de M. Kabila.


Kabila doit-il quitter le pouvoir?

Ce matin, sur Bel RTL, notre journaliste Martin Buxant a questionné Francis Kalombo au sujet de Kabila, doit-il quitter le pouvoir ? "Si cela dépend de lui, il ne le fera jamais, a confié le député national congolais, puisqu’il n’a pas fait tout ça pour rester une année au pouvoir. Toutes ces manœuvres, c’est fait volontairement pour rester éternellement à la tête de la République Démocratique du Congo. C’est connu de tous..." Francis Kalombo croit cependant à la médiation de l’Eglise Catholique. "Je crois à la bonne volonté des évêques de pouvoir trouver des solutions, mais je ne crois pas à la bonne volonté du président de vouloir quitter la tête de la République Démocratique du Congo. Pour lui, il peut rester comme ses voisins, comme Mobutu à l’époque. On ne peut rien lui faire. Il peut gérer le Congo comme il veut."


"La Belgique a un rôle à tenir"

Martin Buxant a enfin évoqué le rôle de la Belgique, ancienne puissance coloniale. "La Belgique a un grand rôle à tenir aujourd’hui, a affirmé Francis Kalombo. La Belgique était le premier pays à se mettre debout pour soutenir Kabila en 2001 lorsqu’il a accédé au pouvoir (...) Joseph Kabila n’avait pas gagné la guerre. Ce que les gens oublient, c’est qu’il était là parce que la communauté internationale l’a appuyé pour pacifier ce pays. (...) La Belgique porte une responsabilité historique et elle doit agir aujourd’hui afin de pouvoir remettre les Congolais sur les rails. Joseph Kabila a été soutenu dès les premiers jours, j’en sais quelque chose, par la Belgique et la communauté internationale. Aujourd’hui, la Belgique est devant ses responsabilités. Nous attendons que la Belgique puisse agir."

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