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Cynique, menaçant et obsédé par son image: Trump raconté par son ancien lieutenant

Un homme volontiers menaçant et sans scrupules, qui ne s'est porté candidat à la présidence que pour mieux faire connaître sa marque, et un entourage aux ordres: l'ex-avocat personnel du président américain a brossé mercredi un sombre portrait de la galaxie Trump.

Michael Cohen, qui a travaillé dix ans durant pour la Trump Organization, l'a répété pendant une audition retentissante au Congrès: il connaît "très bien" Donald Trump. Et pendant plusieurs heures, en direct à la télévision, il a raconté sa version de l'homme qu'il a longtemps admiré et auquel il a été, de son propre aveu, "aveuglément" loyal.

D'abord, a-t-il affirmé, Donald Trump est un "raciste".

"Le pays a vu M. Trump courtiser les suprémacistes blancs et les sectaires. Vous l'avez entendu qualifier des pays plus pauvres de +pays de merde+. En privé, il est encore pire", a-t-il lancé.

"On était un jour en voiture et on traversait un quartier difficile de Chicago, il a dit que seuls des Noirs pouvaient vivre ainsi", a-t-il ajouté. "Et il m'a dit que les Noirs ne voteraient jamais pour lui parce qu'ils étaient trop stupides".

Autre caractéristique du milliardaire républicain, selon la description au vitriol faite par Michael Cohen: le manque d'empathie.

"Tout en me disant en 2008 qu'il allait réduire de moitié le salaire de ses employés - y compris le mien - il m'a montré ce qu'il a présenté comme étant un remboursement d'impôts de la part du fisc, et il a dit qu'il n'en revenait pas de la stupidité du gouvernement qui rendait autant d'argent à quelqu'un comme lui".

M. Trump "est capable de se comporter avec bonté, mais il n'est pas bon. Il est capable de gestes généreux, mais il n'est pas généreux. Il est capable d'être loyal, mais il est fondamentalement déloyal", a martelé Michael Cohen.

Et alors que l'actuel président a fait sa campagne sur "rendre à l'Amérique à sa grandeur", le jeune Trump a évité d'aller combattre au Vietnam en prétextant une fausse excuse médicale - une pseudo excroissance osseuse au pied - a assuré son ancien confident.

"Tu penses que je suis idiot? Je n'allais quand même pas aller au Vietnam", aurait déclaré M. Trump à son homme de confiance d'alors.

- Menaces et mensonges -

Quant à travailler pour le magnat de l'immobilier, c'était se montrer prêt à mentir en permanence, a dit Michael Cohen.

"Le travail de chaque personne à la Trump Organization est de protéger M. Trump. Tous les jours, la majorité d'entre nous savait que l'on allait mentir pour lui à propos de quelque chose", a-t-il affirmé. "C'est devenu la norme".

Et M. Trump n'hésitait pas à demander à son avocat de l'époque de menacer des individus ou des entités en son nom. C'est arrivé à des centaines de reprises en dix ans, peut-être 500 fois, a reconnu M. Cohen.

Le New-Yorkais a aussi affirmé que le milliardaire avait une éthique plutôt... élastique en termes de déclaration de revenus.

"M. Trump gonflait la valeur de ses biens quand ça l'arrangeait, comme quand il essayait d'être listé parmi les personnes les plus riches par Forbes, et la dégonflait pour réduire ses taxes immobilières".

"Quand je dis que c'est un escroc, je parle d'un homme qui se dit brillant mais m'a ordonné de menacer son lycée et les universités qu'il a fréquentées pour qu'ils ne publient jamais les notes qu'il a eues", a raconté M. Cohen.

Autre anecdote: M. Trump aurait demandé à M. Cohen "de trouver un faux enchérisseur pour qu'il achète un portrait de lui vendu aux enchères", à un prix plus élevé que les autres biens proposés à la vente ce jour-là.

"Le portrait a été acheté par le faux enchérisseur pour 60.000 dollars. M. Trump a (ensuite) demandé à la Fondation Trump, qui est censée être une organisation caritative, de rendre l'argent au faux enchérisseur", a expliqué Michael Cohen.

"Tout ça pour son ego", a-t-il dit à une élue qui lui demandait pourquoi le magnat avait demandé une chose pareille.

Quant à la course à la présidentielle, il n'a jamais été question de patriotisme, selon M. Cohen: c'était "une opportunité marketing".

"M. Trump disait souvent: +cette campagne va être le plus grand publi-reportage de l'histoire politique+".

Une présidentielle qu'il n'avait d'ailleurs jamais envisagé de gagner, selon son ancien avocat.

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