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Damas nie de nouveau "posséder" des armes chimiques

Damas a une nouvelle fois nié mercredi "posséder" des armes chimiques, estimant que leur utilisation était "immorale et inacceptable", au lendemain d'une mise en garde de la France qui a brandi la menace de frappes en Syrie.

Soumis à de fortes pressions internationales, le pouvoir a par ailleurs autorisé l'entrée d'aides humanitaires dans la Ghouta orientale, pour la première fois depuis des raids meurtriers qui ont visé la semaine dernière l'enclave rebelle assiégée près de Damas.

Le régime syrien a été accusé d'avoir récemment mené des attaques chimiques contre les zones sous contrôle des rebelles, alors que les civils payent déjà un très lourd tribut dans le conflit qui a fait plus de 340.000 morts depuis 2011.

"Le gouvernement syrien nie catégoriquement posséder (...) des armes chimiques. Nous considérons l'utilisation de ces armes immorale et inacceptable, quel que soit le contexte", a affirmé le vice-ministre des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad, cité par l'agence officielle Sana.

Mardi, le président Emmanuel Macron avait assuré que la France mènerait des frappes en Syrie si elle avait "des preuves avérées que des armes chimiques proscrites sont utilisées contre les civils" par le régime.

Une position réaffirmée mercredi par le chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian, qui a évoqué "des frappes militaires" en cas de nouvelles attaques chimiques, "dès lors que ces attaques présentent un caractère létal et que la responsabilité du régime est avérée".

Ces dernières semaines, la France mais aussi les Etats-Unis ont tiré la sonnette d'alarme sur des attaques chimiques présumées menées par Damas, qui a dénoncé les "mensonges et allégations" de Paris et Washington.

- Arrivée d'aides à la Ghouta -

L'une de ces attaques aurait eu lieu début février à Saraqeb, localité de la province d'Idleb (nord-ouest) contrôlée par des jihadistes et des rebelles, où 11 cas de suffocation ont été rapportés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

En janvier déjà, l'Observatoire avait rapporté 21 cas de suffocation dans la Ghouta orientale, habitants et sources médicales évoquant une attaque au chlore.

A l'ONU, l'ambassadrice des Etats-Unis, Nikki Haley, a accusé Moscou de ne pas agir suffisamment auprès du régime syrien pour faire cesser les attaques, y compris "chimiques", contre la population civile.

"Le régime d'Assad ne souhaite pas parvenir à la paix" et "il faut que la Russie change d'actions pour le convaincre" d'arriver à une solution à ce conflit, a insisté la diplomate américaine.

Grâce à l'appui indéfectible de l'allié russe, le régime syrien a reconquis plus de la moitié du territoire, multipliant les victoires face aux jihadistes et aux rebelles.

La semaine dernière, il avait intensifié ses frappes aériennes contre la Ghouta orientale, dernier fief rebelle aux portes de la capitale Damas.

Cinq jours de raids aériens ont fait plus de 250 morts et près de 775 blessés, selon l'OSDH, un pic de violence sans précédent depuis plusieurs années pour cette région que le régime pilonne quotidiennement.

Mercredi, des aides humanitaires destinées à quelque 7.200 personnes sont arrivées dans la Ghouta orientale, le premier convoi à entrer dans la région depuis la fin novembre.

- 'Souffrance humaine intolérable' -

"Premier convoi de l'ONU et du Croissant-Rouge syrien cette année pour la localité de Nachabiyé dans la Ghouta orientale pour distribuer de la nourriture, des provisions sanitaires et nutritives", a indiqué le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) à Damas sur son compte Twitter.

Assiégés depuis 2013 par les forces du régime, les quelque 400.000 habitants de la Ghouta orientale subissent des pénuries de nourriture et de médicaments qui ont entraîné des centaines de cas de malnutrition, notamment chez les enfants.

L'ONU réclame avec insistance une trêve humanitaire d'un mois dans toute la Syrie, pour pouvoir distribuer des aides et évacuer les blessés et malades dans un état critique.

"Nous assistons à l'une des pires périodes de combats depuis le début du conflit, avec des centaines de civils tués et blessés, des déplacements massifs (de population) et la destruction d'infrastructures civiles, y compris des installations médicales", avait déploré lundi le coordinateur humanitaire de l'ONU en Syrie, Ali al-Zaatari.

"J'en appelle à nouveau à toutes les parties concernées, et à ceux qui ont un pouvoir d'influence sur elles: mettez fin à cette souffrance humaine intolérable", a-t-il insisté.

L'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura a appelé à "réduire la tension de manière immédiate", sans évoquer la demande il y a une semaine d'une trêve humanitaire venue des organisations des Nations unies sur le terrain.

Citant le convoi humanitaire arrivé mercredi dans la Ghouta orientale, M. de Mistura a souligné qu'il représentait "moins de 2%" des besoins "des 390.000 personnes toujours bloquées dans des zones assiégées".

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