Accueil Actu

Dans la course au Sénat américain, un homme d'affaires condamné embarrasse les républicains

En 2012, quatre électeurs sur dix avaient préféré un détenu au président sortant Barack Obama lors de primaires démocrates en Virginie occidentale. Cette année, c'est au tour des républicains de craindre un électorat versatile qui pourrait choisir un homme d'affaires pro-Trump et ancien condamné, pour la course au Sénat.

Don Blankenship, l'un des trois prétendants aux primaires qui se tiendront le 8 mai, est l'ancien patron d'une mine de charbon qui a purgé un an de prison en 2016 pour manquement aux règles de sécurité après une explosion mortelle.

Bastion électoral de Donald Trump, cet Etat minier de l'est des Etats-Unis vote majoritairement républicain depuis une décennie. Mais la réputation sulfureuse de ce candidat inquiète les dirigeants du parti qui ne possède qu'une courte majorité à la chambre haute du Congrès.

Ils craignent surtout le manque de discipline de cette aile populiste rebelle qui, si Don Blankenship sortait vainqueur du scrutin, rendrait encore plus difficile la victoire d'un républicain face au sénateur sortant Joe Manchin, un démocrate élu grâce à un programme conservateur.

Selon un récent sondage, Don Blankenship est devancé par les deux autres candidats républicains, mais il reste un quart d'indécis.

- "Toutes les options possibles" -

"L'inquiétude du parti républicain sur la victoire de M. Blankenship semble réelle", explique à l'AFP Robert Rupp, professeur de sciences politiques à l'université Wesleyan. Il note que l'ingérence du parti pourrait au contraire renforcer son image d'outsider à la conquête de Washington.

"Toutes les options sont possibles", assure M. Rupp, rappelant qu'en 2012, 41% des électeurs démocrates de l'Etat avaient snobé le président sortant Barack Obama, votant lors d'une des rares primaires organisées localement pour Keith Judd, un candidat qui purgeait alors une peine de 17 ans et demi de prison pour extorsion.

Mardi soir, M. Blankenship participait à un débat avec les deux autres candidats: le procureur de l'Etat Patrick Morrisey et Evan Jenkins, élu de la Chambre des représentants et ancien démocrate.

"Je suis là avec des gens qui n'ont jamais créé un emploi", a assuré l'ex-patron du groupe Massey Energy, propriétaire de la mine de Montcoal où un coup de grisou avait fait 29 morts en 2010. L'accident avait été largement attribué au manque d'investissement dans cette mine et une enquête indépendante avait conclu que le groupe avait ignoré des procédures de sécurité élémentaires.

Lors du débat, il a nié être responsable de l'accident, accusant le gouvernement fédéral et le parquet d'avoir mené une "fausse enquête" qui avait conduit à sa condamnation.

"J'ai été emprisonné pour un délit mineur", a-t-il affirmé.

Don Blankenship dit admirer Donald Trump pour avoir déjoué les pronostics dans la course à la Maison Blanche. Il reprend aussi sa rhétorique contre l'immigration ou les élites de la capitale fédérale.

- "Mitch la coke" -

"Je ne vais pas à Washington pour être gentil, on ne peut pas curer le marigot en fonctionnant comme le marigot", a-t-il lancé.

C'est devenu une mauvaise habitude républicaine. En décembre, rattrapé par des accusations d'attouchements sur mineures, le candidat au Sénat Roy Moore s'est incliné face à un démocrate dans le très conservateur Etat d'Alabama, du jamais vu depuis 25 ans.

En 2010 et 2012, deux autres candidats au Sénat avaient perdu des scrutins jugés faciles à cause de déclarations malheureuses.

Pour éviter un nouvel échec, un groupe fidèle au chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a dépensé au moins 1,3 million de dollars dans une campagne qualifiant M. Blankenship de "criminel condamné" dont la société avait "contaminé les ressources en eau".

Le candidat a pioché dans sa fortune personnelle pour railler ses adversaires, pas assez conservateurs selon lui, et les dirigeants du parti.

"L'un de mes buts est de me débarrasser de +Mitch la coke+", a-t-il dit sur Facebook en référence au beau-père de M. McConnell, patron d'une compagnie maritime dont un navire aurait été utilisé pour transporter une cargaison de drogue entre la Colombie et l'Europe.

À lire aussi

Sélectionné pour vous