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Dans le silence et le recueillement, la marche blanche en mémoire de Sylvia

Elle avait 40 ans et est morte il y a une semaine, tuée à coups de couteau par son mari : près de 300 personnes se sont rassemblées dimanche à Oberhoffen-sur-Moder pour une marche blanche, silencieuse et recueillie, en mémoire de Sylvia.

Le cortège, parti vers 10H00 de la mairie de cette petite commune de quelques 3.000 habitants, située à une trentaine de kilomètres au nord de Strasbourg, a rejoint une demi-heure plus tard l'immeuble où cette assistante de service hospitalier avait perdu la vie aux environs de 23H00, dimanche dernier.

Sous les yeux rougis de sa fille Stella, 20 ans, les participants qui portaient pour la plupart un vêtement rose, comme elle le souhaitait, ont déposé de nombreux bouquets de roses et des bougies devant la grille de l'immeuble.

Sur une banderole, ces quelques mots: "Repose en paix, on ne t'oublie pas Sylvia. Justice sera faite".

La fille de Sylvia Auchter, qui n'a pas souhaité s'exprimer, est restée de longues minutes entourée par ses proches à l'endroit même où sa mère était décédée sous ses yeux après l'avoir appelé à l'aide.

"Je n'accepte pas ce qu'il s'est passé. Ce n'est pas normal qu'on enlève une vie comme ça", a réagi Jean Satori, venu de Strasbourg avec sa fille et son ex-conjointe, une amie de la victime. Lui se souvient de Sylvia comme d'une "fille joyeuse et agréable".

Christine, habitante de Bischwiller, ne connaissait pas la victime mais elle est venue soutenir sa famille. "Cela ne devrait plus se produire en 2019 qu'une femme se fasse assassiner comme ça", a-t-elle déploré, critiquant les gendarmes.

"Je me suis mise à sa place", a dit émue Patricia Schopp, 51 ans, expliquant avoir elle-même déposée plainte à plusieurs reprises contre son mari violent, aujourd'hui décédé.

- "Pas une fatalité" -

Arrêté dès dimanche au domicile du couple, le conjoint de Sylvia Auchter, dont elle avait demandé le divorce, a été mis en examen mardi pour "meurtre sur conjoint" et placé en détention provisoire.

Les secours n'avaient pu que constater le décès de sa femme, retrouvée devant la baie vitrée de leur salon, selon le parquet.

Sylvia Auchter avait déposé en octobre une plainte à l'encontre de son mari, âgé de 58 ans et qui devait répondre à une convocation judiciaire en décembre.

La Gendarmerie nationale, critiquée par sa fille qui estime que les avertissements de sa mère n'ont pas été entendus et a déploré le délai d'intervention des gendarmes, a confié à son inspection générale, l'IGGN, "un audit sur l'ensemble de l'intervention".

En 2018, 121 femmes ont été tuées lors de violences conjugales, selon le ministère de l'Intérieur.

Selon un décompte non officiel réalisé par des associations, 131 féminicides ont déjà été dénombrés en 2019, un nombre rappelé sur la banderole tenue en tête de la marche.

"Ce n'est pas une fatalité, ça suffit. Maintenant il faut des actes et des moyens. On n'est plus au temps du constat", a réclamé lors de cette marche Barbara Rimlinger, de l'association Osez-le-féminisme.

La ministre de la Justice Nicole Belloubet a reconnu vendredi que le système de protection des femmes victimes de violences conjugales "ne fonctionnait pas".

Dans un courrier envoyé mercredi à la ministre et à son collègue de l'Intérieur Christophe Castaner, la sénatrice Laurence Rossignol, ancienne ministre des Droits des femmes sous François Hollande, a demandé le réexamen "de toute urgence de chacune des plaintes déposées" pour des violences conjugales.

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