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Dans les champs d'oliviers de Syrie, un assaut peut-être fatal à Baghdadi

En pleine nuit, Abou Ahmed a entendu des soldats "parlant une langue étrangère" en train d'attaquer une maison juste à côté de chez lui, au milieu des champs d'oliviers du nord-ouest de la Syrie.

Depuis dimanche matin, Abou Ahmed s'interroge sur l'identité de son discret voisin, qui se présentait comme un "commerçant en denrées alimentaires". Des médias américains ont évoqué quelques heures plus tôt un raid des Etats-Unis dans la zone, qui aurait peut-être tué Abou Bakr al-Baghdadi, le chef redouté du groupe Etat islamique (EI).

Lorsque, aux alentours de minuit, des hélicoptères ont survolé le village de Baricha, Abou Ahmed était tranquillement chez lui, raconte-t-il à l'AFP. Ce quinquagénaire a entendu ensuite des tirs à quelques dizaines de mètres.

Puis "on a entendu quelqu'un parler en arabe, qui disait +Abou Mohamed rends-toi+!", assure-t-il. "Après, des forces parlaient une langue étrangère".

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), il s'agissait d'un raid de commandos américains qui ont débarqué au sol. Les médias américains affirment que Baghdadi en était la cible et qu'il aurait été tué dans l'attaque.

L'opération a duré près de trois heures et s'est terminée par un bombardement aérien, racontent des témoins.

Dimanche matin, la maison d'Abou Mohamed n'est plus qu'un amas de pierres blanches, de béton et de ferrailles tordues. La zone a été bouclée par les combattants armés de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda qui continue de dominer dans la province d'Idleb.

- "Que des salutations" -

Les journalistes ont été brièvement autorisés à accéder à la zone ciblée par les frappes. Trônant sur les décombres, on aperçoit la carcasse tordue d'une voiture et les restes calcinés d'une moto, prises dans des fils électriques.

Tout autour, les champs d'oliviers sont parsemés de tentes sommairement installées par les déplacés du conflit syrien.

Aux dires de ses voisins, la petite villa prise pour cible était occupée par Abou Mohamed, qui se présentait comme un déplacé venu de la province voisine d'Alep et vivait en faisant commerce de denrées alimentaires et de bétail.

"Entre cet homme et nous, il n'y avait que des salutations", assure Abou Ahmed, lui-même un déplacé originaire de la province centrale de Homs.

"Par nature, on est des gens sociables. On lui disait +viens à la maison+, mais il ne venait pas", poursuit Abou Ahmed.

Tous les jours, raconte-t-il, son taciturne voisin sortait tôt le matin et rentrait tard le soir. Ni femme ni enfants n'ont jamais été vus dans la maison.

Très tôt dimanche matin, Abdel Hamid, un autre habitant de Baricha, a pu accéder à la maison en ruines avant que le site ne soit bouclé.

"Il y avait six corps dans la maison, personne ne sait qui c'est", dit-il. "Une voiture passait à côté par hasard, elle a été touchée, il y avait deux morts à l'intérieur", ajoute le jeune homme de 23 ans.

Dans la nuit de samedi à dimanche, les chaînes de télévision américaines CNN et ABC ont fait état d'un raid américain visant Abou Bakr al-Baghdadi dans la province d'Idleb. Le président Donald Trump devait faire une annonce "très importante" dans la journée de dimanche.

Selon CNN, des tests sont en cours pour confirmer formellement la mort du chef du groupe jihadiste, qui aurait fait exploser sa veste chargée d'explosifs pour se suicider au moment du raid américain.

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