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Dans une Argentine en crise, Macri défend l'austérité et demande de la patience

Le président argentin de centre-droit Mauricio Macri a réclamé de la patience et défendu vendredi devant le Parlement son bilan et la politique d'austérité qu'il mène, en dépit de la crise économique qui frappe la troisième économie d'Amérique latine.

"Les changements profonds requièrent de la patience. Aujourd'hui, l'Argentine est mieux armée qu'en 2015. Nous continuons d'opérer de profonds changements. Nous sommes sortis du bourbier. Le gouvernement travaille en pensant à long terme", a-t-il déclaré lors du dernier discours à la nation de son mandat, qui marque le début de la session parlementaire.

Au pouvoir depuis fin 2015, Mauricio Macri, un homme d'affaires et ancien président du club de football de Boca Juniors, a mené d'importantes réformes économiques, mais ses promesses d'en finir avec l'inflation et de placer l'Argentine sur le chemin d'une croissance soutenue n'ont pas été suivies de résultats.

La récession a atteint 2,6% en 2018 et se poursuivra cette année. L'inflation est de près de 50% sur les 12 derniers mois et elle a atteint 3% pour le seul mois de janvier. Les fermetures d'usines s'enchaînent, avec leur cortège de perte d'emplois.

"Nous sommes sur le bon chemin", ne cesse, malgré tout, de répéter le chef de l'Etat.

Après les deux crises monétaires qui ont fait perdre 50% de sa valeur au peso, le président argentin a appelé le FMI à l'aide. Un crédit exceptionnellement élevé de 57 milliards a été débloqué pour stabiliser la troisième économie d'Amérique latine (derrière le Brésil et le Mexique).

- Allocations familiales augmentées -

En contrepartie, l'Argentine a engagé un plan d'austérité jamais vu dans le pays, avec un objectif de ramener le déficit budgétaire de l'Etat à zéro en 2019. "Le déficit budgétaire produit de l'inflation, et l'inflation produit de la pauvreté. Nous nous attaquons aux racines du problème pour que la pauvreté structurelle puisse baisser", argumente-t-il.

Le ministre argentin de l'Economie Nicolas Dujovne a déclaré cette semaine que le gouvernement avait créé des bases solides et nécessaires pour que la croissance revienne, "après 70 ans de recul économique".

Vendredi, le président argentin a également annoncé une augmentation des allocations familiales de 46%, promis la confiscation de biens mal acquis des trafiquants de drogue et des politiciens corrompus, et de mettre ainsi fin à des décennies d'impunité.

M. Macri, 60 ans, brigue un second mandat de quatre ans lors des élections d'octobre prochain.

Malgré les mauvais indicateurs économiques et la promesse non tenue d'en finir avec l'inflation, il peut encore prétendre à la réélection, en tirant parti de la division de l'opposition péroniste.

Poursuivie dans une dizaine d'affaires de corruption, l'ex-présidente Cristina Kirchner (2007-2015) peut encore s'appuyer sur environ un tiers de l'électorat national.

L'issue du scrutin est incertaine. Les milieux économiques redoutent un retour de Mme Kirchner. Les plus pauvres regrettent ses généreuses subventions et aides sociales.

Alors que dans l'hémicycle, Macri était chahuté par les opposants et applaudi à tout rompre par ses partisans, des dizaines de manifestations étaient tenues à distance du Congrès par des mesures de sécurité inédites, paralysant la circulation dans le centre de la capitale.

"Macri, qu'il s'en aille. On n'en peut plus. Tout augmente, les entreprises sont en train de fermer, le chômage augmente", se plaint Olga Alderete, 46 ans, qui gagne environ 6.000 pesos par mois (130 euros) comme femme de ménage à Florencio Varela, une banlieue pauvre de Buenos Aires. "Et maintenant, poursuit-elle, c'est la rentrée scolaire (après l'été austral) et on ne sait pas comment faire pour acheter cartable et fournitures". D'autres protestataires brandissaient une banderole réclamant "Macri dehors".

La journée s'est terminée par un monumental concert de casseroles Plaza de Mayo qui a attiré des dizaines de milliers de personnes, excédées par leur perte de pouvoir d'achat.

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