Accueil Actu

Davos : les chefs d'entreprises sonnent l'alarme face aux risques climatiques

Les chefs d'entreprise qui se rendront la semaine prochaine au Forum de Davos placent le risque climatique au sommet de leurs préoccupations et affirment qu'ils n'attendent pas les Etats pour agir, même si les défenseurs de l'environnement les accusent d'hypocrisie.

Dans une étude publiée mercredi par le Forum économique mondial, les cinq premières préoccupations des chefs d'entreprises pour les dix prochaines d'années sont toutes liées à l'environnement, avec en priorité les événements météorologiques extrêmes et l'incapacité des gouvernements et du monde économique à agir face contre le changement climatique.

La fenêtre pour se mettre d'accord sur une baisse significative des émissions de CO2 se refermera pendant la décennie qui s'ouvre, a averti notamment le président du Forum, organisateur de Davos, Borge Brende lors d'une conférence de presse.

Il faisait notamment allusion à la dernière conférence sur le climat de l'ONU, la COP25, qui s'est tenue à Madrid en décembre sans déboucher sur aucune avancée significative malgré l'urgence, et pendant que des incendies dantesques dévastaient l'Australie.

- 7.000 milliards -

Le Forum a interrogé pour cette étude 750 dirigeants d'entreprises et experts qui vont se retrouver dans les Alpes suisses du 21 au 24 janvier avec le gratin politique et économique mondial, dont le président américain Donald Trump et la jeune militante écologiste suédoise, Greta Thunberg.

La pression s'intensifie sur les entreprises et les consommateurs pour qu'ils démontrent leur volonté d'agir, souligne John Drzik, président du cabinet de conseil Marsh and McLennan Insights.

D'autant que "les avancées scientifiques signifient que les risques climatiques peuvent être mieux modélisés et incorporés dans la gestion des risques et les projets des entreprises", explique-t-il.

Signe que les temps changent, le colossal gestionnaire d'actifs BlackRock a annoncé dans une lettre à ses clients que les investissements durables devaient devenir sa "norme" et qu'il va cesser notamment d'investir dans des entreprises tirant plus de 25% de leurs revenus de la production de charbon thermique.

Ces investissements directs représentent actuellement 1.800 milliards de dollars, sur 7.000 milliards gérés au total par Blackrock, dont le patron Larry Fink sera présent à Davos. L'association écologiste Greenpeance affirme toutefois que Blackrock reste "enfoncé jusqu'à la taille dans les carburants fossiles".

Si le géant industriel allemand Siemens a annoncé il y a quelques jours envers et contre tout le maintien de sa participation dans une mine de charbon en Australie, le vent semble tourner dans les conseils d'administration.

Peter Giger, directeur du risque chez Zurich Insurance Group, a de son côté remarqué qu'il devient une bonne mesure de gestion de ne pas restés investis dans des technologies polluantes qui vont devenir "obsolètes" pour au contraire trouver "les gagnants de la nouvelle économie".

- Hypocrisie -

Illustrant l'impact de décideurs comme Blackrock, John Drzik, interrogé par l'AFP, fait valoir que des fonds gérant plus de 40.000 milliards de dollars se sont à présent joints à l'initiative Climate Action 100+.

Malgré toutes ces déclarations d'intention, les organisateurs de Davos et les grands groupes mondiaux restent accusés d'hypocrisie sur le climat.

"Ca ne suffit pas de dire à quel point la crise climatique est grave", a réagi Greenpeace: "les banques et institutions financières qui se rendront en jet privé à Davos la semaine prochaine ont gagné des milliers de milliards de dollars en injectant des fonds dans des (hydrocarbures) qui dévastent le climat", déplore-t-elle, appelant à un arrêt immédiat du financement des carburants fossiles.

"C'est quelque chose que nous prenons très au sérieux. Il n'y a rien de pire pour une organisation que d'identifier un risque et ne rien faire pour y remédier", assure le directeur général du Forum, Adrian Monck, faisant valoir que les organisateurs proposaient des réductions sur les billets de train et a pris des mesures de compensation carbone.

À lire aussi

Sélectionné pour vous