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Début des délibérations dans le procès de l'ex-chef de campagne de Trump

Les délibérations du jury ont débuté jeudi dans le procès pour fraudes fiscale et bancaire de l'ex-chef de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, premier à se retrouver sur le banc des accusés dans le cadre de l'enquête russe du procureur spécial Robert Mueller.

"Vous pouvez prendre autant ou aussi peu de temps que vous le désirez", a déclaré aux douze jurés --six femmes et six hommes-- le juge T.S Ellis du tribunal d'Alexandria, près de Washington.

Ils ont désormais la lourde tâche de trancher sur 18 chefs d'accusation.

Ex-influent consultant politique et lobbyiste, Paul Manafort, âgé de 69 ans, est accusé de fraudes fiscale et bancaire liées aux dizaines de millions de dollars tirés de ses activités de conseil auprès de l'ex-président ukrainien Viktor Ianoukovitch, soutenu par Moscou.

Ces accusations, concernant ses finances personnelles, sont antérieures à son passage à la tête de la campagne Trump en 2016 et distinctes des soupçons de collusion avec Moscou, mais elles découlent de faits découverts au cours de ces investigations.

Visée sans relâche par les foudres du président, qui dénonce une "chasse aux sorcières", l'équipe de Robert Mueller joue donc gros ici.

Un acquittement donnerait de nouvelles munitions à Donald Trump pour questionner le bien-fondé de cette enquête.

Munis des carnets noirs dans lesquels ils prennent des notes depuis le 31 juillet, les jurés se sont retirés dans une salle assez grande pour accueillir les nombreux cartons de documents. Le dossier sur lequel ils doivent se pencher est complexe, truffé de transactions financières.

"Le témoin vedette dans ce procès, ce sont les documents", a déclaré le procureur Greg Andres mercredi pendant son réquisitoire.

Pendant près de deux heures, il a décrit Paul Manafort comme un menteur parfaitement au fait des lois, qu'il a contournées pour s'enrichir puis tenter de rester à flot une fois que Viktor Ianoukovitch --sa "poule aux oeufs d'or", selon M. Andres-- a fui l'Ukraine en 2014.

Entre 2010 et 2014, M. Manafort a contrôlé 31 comptes bancaires à l'étranger, par lesquels sont passés "plus de 60 millions de dollars", a affirmé le procureur.

Sur ce total, 15 millions de dollars ont servi à financer "ses dépenses et celles de sa famille", dont des costumes, maisons et lourdes factures de paysagiste qui ont beaucoup fait parler pendant le procès.

- "Jonchée de mensonges" -

La défense, elle, s'est attachée à blâmer son ancien associé, Rick Gates, 46 ans, qui a plaidé coupable et coopère avec l'équipe Mueller. Son témoignage, et la crédibilité que lui accorderont les jurés, seront cruciaux dans leur verdict.

"Paul Manafort lui faisait confiance", a affirmé son avocat Kevin Downing, décrivant un professionnel trop accaparé par ses activités pour s'occuper de toutes ces transactions.

Ses avocats ont en outre affirmé que contrairement à l'image d'un homme en difficulté financière, la fortune personnelle de Paul Manafort était estimée à plus de 21 millions de dollars en 2016. Et ils ont conclu que les procureurs n'avaient pas fourni les preuves permettant de le déclarer coupable "au-delà du doute raisonnable".

"Quand on suit la piste de l'argent de M. Manafort, elle est jonchée de mensonges", a de son côté asséné Greg Andres.

Pendant le procès, la défense n'a appelé personne à la barre, alors que les procureurs ont fait défiler plus de 20 témoins.

Les avocats ont laissé entendre que les enquêteurs s'étaient acharnés sur leur client sur ordre du "procureur spécial" Mueller. Deux mots qu'ils ont répétés à plusieurs reprises, au grand dam de l'accusation car ils pourraient influencer les jurés.

"La plus grande préoccupation dans un dossier de ce type, suscitant autant d'intérêt politique, est qu'un ou plusieurs jurés (...) aient déterminé leur vote" dès le début du procès, explique à l'AFP Jacob Frenkel, ex-procureur fédéral américain et associé du cabinet juridique Dickinson Wrigh.

Parmi la trentaine d'individus déjà visés par Robert Mueller, dont une majorité de Russes, Paul Manafort est le seul Américain à avoir refusé de passer un accord avec la justice pour éviter un procès. Il risque de passer le restant de ses jours en prison.

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