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Début du procès de deux "revenants" du jihad au profil alarmant

Leur retour de Syrie en 2015 intrigue et inquiète: le procès de deux "revenants" du jihad, Lotfi S. et son fils Karim, s'est ouvert jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris.

Le Franco-Tunisien Lotfi S. était parti en Syrie en octobre 2013 en compagnie de son fils Karim, étudiant, et de son cadet, alors lycéen de 15 ans.

Jugés pour association de malfaiteurs à visée terroriste, le père, 50 ans, et Karim, 23 ans et large carrure, comparaissent détenus. Le jeune fils sera jugé le 16 octobre par le tribunal des enfants.

La famille était restée 18 mois en Syrie, d'abord auprès de l'organisation islamiste Ahrar al Sham, où se trouvait déjà le meilleur ami de Karim, Anass. Puis à Raqa, fief syrien du groupe État islamique en Irak et au Levant (EIIL), autoproclamé "État islamique" (EI) quelques mois plus tard.

Interpellés début mai 2015 alors qu'ils tentaient de passer en Turquie, ils avaient été expulsés vers la France.

Les "motivations" de leur retour de Syrie inquiètent les enquêteurs, au vu de la saisie "inédite" sur eux de 8.300 euros et 3.700 dollars, ainsi que d'une documentation fournie relative au pilotage d'avions et aux explosifs.

Des dizaines de photos de cartes d'aviation, procédures d'atterrissage, pièces d'identité de deux des auteurs des attentats du 11 septembre 2001 à New York, indications sur le pilotage d'un Boeing, manuels de confection d'explosifs...

Sur un ordinateur avaient aussi été découvertes des recherches Google Maps de l'emplacement de la Tour Eiffel et du pont d'Iéna à Paris.

Si aucun projet d'attentat aux contours définis n'a été mis au jour, le tout, qui dénote à tout le moins une vive fascination pour le 11-Septembre, laisse "prospérer de vives inquiétudes sur les réelles intentions" de la famille, rapportent les enquêteurs.

Gérant de société avant son départ, Lotfi S., radicalisé de longue date, semble avoir mis sa formation d'ingénieur télécoms au service de l'organisation au point d'en devenir un haut responsable des télécommunications.

Il assure avoir quitté l'EI après plusieurs mois dans ses geôles en raison d'une grave erreur stratégique, mais la justice trouve "obscures" ses explications quant aux conditions de sa libération. D'autant qu'à cette époque, le groupe renvoyait d'autres Français vers l'Europe dans le but de commettre des attentats ou de s'y regrouper.

Le procès est prévu jusqu'à vendredi.

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