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Défiant la polémique sur ses origines, Warren part à l'assaut de la Maison Blanche

Dénonçant les inégalités tout en pourfendant Wall Street et les grandes fortunes, la sénatrice démocrate Elizabeth Warren a officialisé samedi sa candidature à la présidentielle américaine de 2020, défiant avec un message résolument à gauche la controverse sur ses lointaines origines amérindiennes.

"L'étranglement de la classe moyenne est réel et des millions de familles peuvent à peine respirer", a lancé la sénatrice devant des supporteurs enthousiastes, à Lawrence, ancien coeur ouvrier de l'industrie textile du nord-est américain.

L'ancienne professeure de droit à Harvard a ainsi confirmé son entrée dans une course qui s'annonce rude du côté démocrate, où l'on dénombre déjà une dizaine de candidats, un an avant les premières primaires.

Et plusieurs grands noms sont encore attendus: l'ancien vice-président de Barack Obama, Joe Biden, l'ex-candidat battu par Hillary Clinton en 2016, Bernie Sanders, et le milliardaire et ex-maire de New York Michael Bloomberg.

Dimanche, une autre sénatrice démocrate, Amy Klobuchar, a promis une "grande annonce" et devrait se lancer à son tour.

En publiant bien avant sa campagne, dès octobre, les résultats d'un test ADN, Elizabeth Warren avait voulu couper court aux moqueries du président républicain Donald Trump, qui la surnomme depuis longtemps "Pocahontas" en mettant en doute ses origines.

Peine perdue.

S'il confirme un lointain héritage, ce test a indigné des tribus amérindiennes, pour qui la parenté est avant tout culturelle plutôt que purement génétique.

Surtout, le Washington Post a publié cette semaine un document officiel datant des années 1980 sur lequel Elizabeth Warren se définit comme "Amérindienne", ce qui a relancé les accusations de ceux qui la soupçonnent d'avoir utilisé ses origines pour faire avancer sa carrière. Elle dément catégoriquement.

"Imposture", dénonce l'équipe de Donald Trump, lequel compte bien décrocher un second mandat.

"Les Américains rejetteront sa campagne malhonnête et ses idées socialistes", a asséné dans un communiqué samedi le responsable de la campagne Trump 2020, Brad Parscale.

"Il y a beaucoup de gens fortunés et puissants (...) qui tenteront de nous empêcher" d'avancer, a riposté Elizabeth Warren, sur scène, à Lawrence.

La sénatrice de 69 ans a aussi taclé le président milliardaire, sans le nommer, en dénonçant l'"intolérance (qui) n'a pas sa place dans le Bureau ovale".

- Trump, un "symptôme" -

Système de santé universel, investissements dans l'éducation, salaire minimum plus élevé, protection de l'environnement... Loin des questions sur ses origines, celle qui est sénatrice du Massachusetts depuis 2013 a voulu reprendre l'initiative en formalisant sa candidature aux primaires démocrates pour la présidentielle de novembre 2020.

Elle a insisté sur l'histoire emblématique de Lawrence, berceau d'une célèbre grève d'ouvriers immigrés en 1912.

La ville du Massachusetts souffre aujourd'hui de pauvreté, témoin des ravages subis dans le secteur manufacturier, que Donald Trump avait érigés avec succès en grand message de campagne en 2016.

L'"homme à la Maison Blanche n'est pas la cause de ce qui est cassé, mais juste le dernier, et le plus extrême, symptôme de ce qui va mal en Amérique. Le produit d'un système truqué qui fait monter les riches et les puissants en couvrant de saleté tous les autres", a lancé Mme Warren.

"Alors, quand il sera parti, nous ne pourrons pas faire semblant que tout cela n'est jamais arrivé", a-t-elle encore dit avant de se déclarer "candidate pour devenir présidente des Etats-Unis d'Amérique".

Elle avait, dès le 31 décembre, annoncé la création d'un comité exploratoire à ce dessein.

Semblant vouloir contrecarrer l'image parfois rigide qu'elle dégage, la sénatrice a multiplié les anecdotes familiales.

"C'est une candidate formidable", a déclaré à l'AFP Mathew Lueckheide, un étudiant venu assister au meeting malgré le froid. "On est prêts à se lancer, à reprendre notre pays".

S'appuyant sur ses origines modestes, Elizabeth Warren a déploré que le rêve américain soit désormais grippé. Et davantage encore pour les minorités.

Avec une population à près de 80% hispanique, Lawrence sert d'épouvantail à l'administration Trump, qui dénonce son statut de "ville sanctuaire", où la municipalité limite sa coopération avec les agents fédéraux chargés de l'immigration.

"Alors qu'il y a déjà deux candidats noirs dans la course", ses collègues sénateurs Kamala Harris et Cory Booker, Elizabeth "Warren va avoir besoin des Hispaniques", décrypte John Cluverius, professeur de sciences politiques à l'université de Massachusetts-Lowell.

Et selon ce dernier, "il est encore très, très tôt" pour prédire si l'affaire du test génétique "lui portera préjudice ou pas".

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