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Des chefs policiers chinois reconnaissent avoir protégé Gu Kailai

Quatre responsables policiers chinois jugés vendredi ont reconnu avoir sabordé une enquête sur l'assassinat d'un homme d'affaires britannique, pour tenter d'épargner Gu Kailai, l'épouse d'un ex-dirigeant accusée de ce meurtre.

Ces hauts gradés ont sciemment travesti leurs investigations et réalisé des faux après l'assassinat de Neil Heywood, afin d'accréditer la thèse d'une mort accidentelle.

"Les défendeurs ont reconnu que le chef d'accusation de violation de la loi à des fins personnelles était exact", a dit aux journalistes Tang Yigan, un officiel du tribunal de la ville de Hefei (est).

"Ils ont rédigé un faux rapport et dissimulé des éléments de preuve sur place", a-t-il relaté. "Ils ont décidé de ne pas pratiquer d'autopsie et de simplement incinérer le cadavre".

Jeudi lors de son procès dans ce même tribunal, Gu Kailai n'avait pas contesté avoir tué par empoisonnement le Britannique. Les faits se sont déroulés dans la mégapole de Chongqing, alors dirigée par son mari, Bo Xilai.

Ce crime, en novembre dernier, a été à la source d'un scandale qui a fortement ébranlé au printemps le Parti communiste au pouvoir.

A l'époque, M. Bo était le chef du Parti communiste chinois (PCC) de Chongqing et membre du Bureau politique du PCC au niveau central.

Ce leader charismatique espérait intégrer, au Congrès de l'automne prochain, le comité permanent du Politburo, un cénacle de neuf membres qui dirige collégialement la Chine. Autant dire que Bo Xilai et sa femme avaient le bras long, ce qui explique les vagues suscitées par leur disgrâce.

Leur chute a été précipitée par le meurtre d'Heywood, un ancien ami du couple qui aurait notamment facilité l'inscription du fils Bo dans des établissements scolaires réputés de Grande-Bretagne.

Selon l'accusation Gu Kailai a fait boire au Britannique un poison létal, après que les rapports entre lui et le couple Bo/Gu s'étaient dégradés. Le verdict la concernant a été mis en délibéré à une date ultérieure non précisée.

Il n'a pas été précisé si les chefs policiers -- nommés Guo Weiguo, Li Yang, Wang Pengfei et Wang Zhi -- ont obéi à des instructions de Gu Kailai ou de Bo Xilai.

Leur comparution, loin des yeux de la presse étrangère qui a été tenue à l'extérieur de la Cour, n'est que le dernier épisode de l'affaire Bo Xilai/Gu Kailai, l'un des scandales les plus retentissants depuis des décennies en Chine car il mêle argent, crime et politique.

Le limogeage de Bo Xilai, jusqu'ici "étoile montante" de la politique chinoise, a fait l'effet d'une bombe en illustrant l'intensité de la lutte pour les postes clés qui agite le Parti communiste chinois, parti unique qui règne d'une main de fer sur le pays depuis plus de 60 ans.

Avocate internationale renommée, Gu Kailai devrait selon les analystes être condamnée pour assassinat tout en échappant à la peine capitale.

Le sort futur de son époux, détenu dans un endroit tenu secret, reste inconnu.

Bo Xilai s'était illustré en tentant de remettre au goût du jour dans son fief de Chongqing l'idéal révolutionnaire maoïste avec des campagnes de slogans et "chants rouges".

Certains chercheurs ont vu dans sa chute la défaite de la faction des conservateurs néo-maoïstes au profit des "libéraux" et "réformateurs" de la Ligue de la Jeunesse du président Hu Jintao.

En octobre le XVIIIe Congrès du parti aux 80 millions de membres verra l'arrivée d'une nouvelle génération de dirigeants chinois. L'affaire Bo Xilai pourrait, selon des experts, avoir des conséquences sur la répartition des sièges au sommet du pouvoir suprême.

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