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Des décennies passées sans convaincre la Corée du Nord de jeter ses armes atomiques

Pendant près de 30 ans, les présidents américains successifs parmi d'autres chefs d'Etat de la planète, sans compter l'ONU, ont vainement tenté de faire pression sur la Corée du Nord ou de l'encourager pour qu'elle mette au rebut son programme d'armements nucléaires.

Aujourd'hui, Donald Trump s'apprête à rencontrer le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un à Singapour, dans une tentative pour arracher un accord qui a échappé à tous ses prédécesseurs.

Voici quelques éléments sur les essais de dénucléarisation passés.

- Accord-cadre -

Sous Kim Il Sung, grand-père de l'actuel dirigeant, mort en 1994, la Corée du Nord a signé en 1985 le Traité de non prolifération nucléaire (TNP) mais les soupçons de tricherie n'ont pas tardé à apparaître. En 1989, des images satellites américaines révèlent la présence d'une usine de retraitement nucléaire à Yongbyon. En 1993, Pyongyang annonce sa décision de quitter le TNP, ce qui précipite un dialogue avec Washington.

Aux termes d'un accord-cadre signé en octobre 1994 avec l'administration Clinton, le Nord accepte de geler et démanteler ultérieurement ses installations nucléaires susceptibles de produire du plutonium. Pyongyang assure qu'elles sont destinées à générer de l'électricité.

En retour, les Etats-Unis promettent de fournir de l'énergie alternative, en l'espèce 500.000 tonnes annuelles de mazout, et la construction avant 2003 de deux centrales à eau légère.

Mais la livraison de plusieurs cargaisons de mazout prend du regard en raison de l’hostilité d'élus républicains au Congrès, tandis que les travaux de construction des centrales sont retardés de plusieurs années. L'accord vole en éclats en 2002 quand les Etats-Unis accusent le Nord d'avoir un programme secret d'uranium enrichi.

- Pourparlers à six -

Sous Kim Jong Il (décédé en 2011), père de Kim Jong Un, au pouvoir aujourd'hui, la Chine accueille ces discussions à compter de 2003. Elles comptent aussi comme parties prenantes les deux Corées, la Russie, le Japon et les Etats-Unis.

En septembre 2005, plusieurs rounds de pourparlers débouchent sur un accord ambitieux.

Le Nord accepte de renoncer à son programme nucléaire, de rejoindre le TNP et d'accueillir des inspecteurs étrangers en échange d'une aide alimentaire et énergétique, avec la perspective d'une éventuelle normalisation des relations avec les Etats-Unis et d'un traité de paix mettant officiellement fin à la guerre de Corée (1950-53).

Mais les couacs ne se font pas attendre, Washington imposant des restrictions à une banque de Macao soupçonnée de blanchir de l'argent pour le Nord. En octobre 2006, Pyongyang mène son premier essai nucléaire.

Lors d'une nouvelle séance de pourparlers en février 2007, les parties conviennent d'un accord prévoyant le gel par le Nord de son programme nucléaire en échange d'aide et du déblocage de ses actifs bloqués dans la banque de Macao. Quelques temps après, le Nord commence à fermer son centre nucléaire de Yongbyon, retirant des milliers de barres de combustible sous le regard d'experts américains.

En 2008, Pyongyang transmet à Washington une documentation volumineuse sur son programme nucléaire et fait exploser la tour de refroidissement de Yongbyon devant des journalistes étrangers. L'administration Bush lève le pied sur les sanctions et retire le Nord de sa liste des Etats soutenant le terrorisme.

Mais les deux camps ne parviennent pas à s'accorder sur les procédures de vérification du désarmement. Fin 2008, le programme nucléaire nord-coréen a redémarré et Pyongyang bannit les inspecteurs nucléaires.

La dernière séance de pourparlers à six se déroule en décembre 2008. En 2009, le Nord mène une série de tests balistiques ainsi que son deuxième essai atomique. En 2010, il montre à un expert américain en visite une nouvelle usine d'enrichissement d'uranium et un réacteur à eau légère à Yongbyon.

- Accord "bissextile" -

En vertu d'un accord annoncé le 29 février 2012, l'administration Obama offre à Pyongyang une aide alimentaire considérable en échange d'un moratoire sur l'enrichissement d'uranium et les tests balistiques, ainsi que le retour des inspections à Yongbyon, permettant une reprise des pourparlers à six.

Mais 16 jours après, le Nord annonce ses projets de lancement de satellite. Ce qui fut chose faite en avril, signant l'arrêt de mort de l'accord.

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