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Des enfants migrants maltraités, tache sur la politique migratoire de Trump

Manque criant d'hygiène, cellules surpeuplées et sans matelas: la visite d'une ONG dans un centre de la police américaine aux frontières accueillant plus de 250 enfants au Texas a relancé le débat sur les conditions de détention des mineurs entrés illégalement aux Etats-Unis.

Le centre de Clint, près de la ville frontalière d'El Paso, a été vidé lundi de la majorité de ses détenus et 249 enfants devaient "être placés sous la garde" du ministère de la Santé, a indiqué mardi une porte-parole citée par CNN.

Une élue démocrate du Texas, Veronica Escobar, avait demandé des comptes la semaine dernière à l'agence en charge de la protection des frontières, après la révélation par l'ONG Human Rights Watch de la situation déplorable dans laquelle se trouvaient des enfants non accompagnés.

"Face à moi, l'enfant de trois ans a des noeuds dans les cheveux, une toux sèche, un pantalon plein de boue et des yeux qui se ferment de fatigue", raconte dans un communiqué Clara Long, membre de la délégation qui a visité le centre à Clint.

Arrêtés il y a trois semaines avec son grand frère de 11 ans, il ont été séparés de leur oncle majeur.

Selon l'ONG, les enfants détenus à Clint "n'ont pas d'accès régulier aux douches ou à des vêtements propres", certains ne se sont pas lavés "depuis des semaines", n'ont pas de savon et ont parfois des poux. Quinze mineurs ont attrapé la grippe et dix ont dû être placés en quarantaine en raison de leur état de santé.

La semaine dernière, l'avocate du gouvernement avait expliqué devant un tribunal que le savon et la brosse à dent ne faisaient pas partie des conditions de détention "sûre et saine" prévues par la loi pour les mineurs isolés.

Ces déclarations ont provoqué un tollé. D'anciens otages américains de pirates somaliens ou de talibans afghans ont assuré sur Twitter que même leurs geôliers leur avaient fourni de quoi se laver. La jeune élue démocrate Alexandria Ocasio-Cortez a dénoncé des "camps de concentration" gérés par une administration "fasciste".

En pleine polémique, les médias ont rapporté mardi la démission du chef par intérim de la police aux frontières, John Sanders. Le président Donald Trump a déclaré à la presse qu'il n'avait pas demandé à M. Sanders de démissionner mais qu'il savait "qu'il y aurait des changements" au sein de l'agence.

- Les failles du système -

La loi migratoire américaine stipule que les mineurs non accompagnés ne peuvent être détenus par la police aux frontières plus de 72 heures et doivent ensuite être remis à leur famille ou être pris en charge dans un centre d'hébergement du ministère de la Santé.

Mais la police aux frontières est débordée --144.000 arrestations en mai-- et l'hébergement géré par le ministère ne suffit plus.

"Ce n'est pas à la police aux frontières de s'occuper des enfants, c'est pourquoi ces structures ne sont pas adaptées aux enfants et ils (les agents) sont aussi en colère que nous", a affirmé dimanche sur MSNBC Warren Binford, avocate spécialisée dans les droits de l'enfant qui a visité Clint où les mineurs dorment à même le sol cimenté, simplement protégés par une couverture de survie.

Selon l'agence, plus de la moitié de ses agents ont été mobilisés pour s'occuper des mineurs. "Nous sommes une agence chargée de la sécurité aux frontières et on nous demande de faire quelque chose que nous ne sommes pas censés faire", a récemment affirmé Robert Perez, chef adjoint des autorités frontalières.

Les organisations de passeurs exploitent les "failles" des lois sur l'immigration et "la réalité sur le terrain pour saturer le système", a-t-il ajouté, alors que la police aux frontières remet en liberté de nombreux migrants après leur dépôt de demande d'asile.

Donald Trump, qui a fait de la lutte contre l'immigration clandestine l'une de ses priorités, a annoncé dimanche le report de deux semaines d'une opération d'expulsion massive, pour permettre au Congrès de s'entendre sur un budget d'urgence.

Les démocrates, qui contrôlent la Chambre des représentants, pourraient voter dès mardi l'octroi de 4,5 milliards de dollars d'aide humanitaire. Mais les républicains, majoritaires au Sénat, menacent de le retoquer si une partie du budget n'est pas dévolue aux forces de l'ordre.

"Nous essayons de persuader les démocrates d'accepter de nous donner l'argent pour l'aide humanitaire", a affirmé M. Trump, dénonçant les passeurs qui faisaient subir aux enfants migrants "une forme d'esclavage".

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