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Des manifestants reprennent leur sit-in sur un pont de Bagdad

Des manifestants antigouvernementaux ont repris leur sit-in samedi sur un pont de Bagdad après un recul des forces de sécurité consécutifs à des heurts avec les protestataires, selon des correspondants de l'AFP sur place.

Une grève générale est par ailleurs prévue dimanche, ont annoncé des groupes de manifestants sur les réseaux sociaux.

Depuis plus de trois semaines, des manifestants sont rassemblés sur la place Tahrir dans la capitale irakienne, réclamant le départ de la classe politique jugée corrompue et incompétente.

Ils ont également campé sur quatre ponts sur le Tigre, reliant l'est de Bagdad à l'ouest où se trouve la Zone verte abritant des bâtiments gouvernementaux et des ambassades étrangères.

Mais il y a deux semaines, les forces de sécurité ont chassé les manifestants de trois de ces ponts et des secteurs avoisinants, les obligeant à se replier sur la place Tahrir et le pont Al-Joumhouriya.

Samedi matin, des unités des forces de l'ordre se sont retirées de certains de ces secteurs, théâtres de heurts avec les manifestants ces derniers jours. Une foule de manifestants a alors repris son sit-in à l'entrée du pont Al-Sinek.

"Les forces de sécurité se sont retirées derrière une barrière en béton sur le pont", a déclaré un manifestant à l'AFP.

Une femme âgée, venue de la ville portuaire de Bassora (sud) pour se joindre aux rassemblements, a applaudi en signe de soutien.

"Vous ne nous avez pas seulement perdus mais vous avez perdu tout l'Irak", a-t-elle déclaré à l'adresse du Premier ministre Adel Abdel Mahdi. "Ce soir, nous serons dans la Zone verte", qui abrite notamment le bureau de M. Mahdi.

Des dizaines de personnes se sont déployées sur un grand parking près du pont Al-Sinek, déployant une pancarte de soutien aux manifestants qui campent sur la place Tahrir, toute proche.

Tard vendredi, une personne est morte et une dizaine d'autres ont été blessées dans l'explosion d'un engin piégé sur cette place, épicentre du mouvement de protestation, selon un communiqué officiel.

Après l'explosion, des petits groupes de manifestants se sont installés autour de la place pour fouiller tous ceux qui y entrent.

"Il y a eu une brèche dans la sécurité et c'est pour cela que cette explosion s'est produite", a déclaré à l'AFP Abou Karrar al-Basraoui, un homme venu de Bassora qui s'est porté volontaire pour ces fouilles. "Mais nous avons multiplié nos points de contrôle pour que cela ne se reproduise plus."

Vendredi soir également, un manifestant, Adnan Rustum, a été tué par des tirs près de son domicile à Bagdad, ont indiqué ses proches à des médias locaux. Et samedi, une personne est morte après avoir été blessée la veille lors d'une manifestation à Nassiriya, plus au sud.

Le mouvement de révolte, qui a débuté le 1er octobre, a été émaillé de violences qui ont coûté la vie à plus de 330 personnes, en majorité des manifestants.

Il s'agit du premier mouvement de contestation spontané en Irak, où la classe politique est quasi inchangée depuis la fin en 2003 de la dictature de Saddam Hussein renversé après l'invasion américaine du pays.

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