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Des stéréotypes intellectuels sexistes pénalisent les femmes dans les sciences

Des stéréotypes culturels sexistes selon lesquels les hommes sont plus brillants intellectuellement pénalisent les femmes aux États-Unis, notamment dans les sciences, selon une enquête nationale auprès d'étudiants en thèse de doctorat, des préjugés qui frappent aussi les Noirs.

Les chercheurs se sont concentrés sur la culture de différents champs académiques en présumant que les préjugés inconscients d'infériorité intellectuelle des femmes pourraient aider à expliquer pourquoi celles-ci sont sous-représentées dans la physique ou même la philosophie, qui idolâtrent le génie.

"Il y a des préjugés culturels répandus liant les hommes, pas les femmes, à l'excellence intellectuelle", a souligné Sarah-Jane Leslie, professeur de philosophie à l'Université de Princeton, principal co-auteur de cette recherche publiée jeudi dans la revue américaine Science.

"Par exemple, pensez combien il est difficile même dans la culture populaire d'imaginer une femme qui serait le génial inspecteur Sherlock Holmes, le Dr House de la série télévisée ou le héros du film Will Hunting, un jeune génie sans formation scolaire", a-t-elle souligné.

"Les modèles de femmes intellectuellement accomplies sont comme le personnage d'Hermione Granger, héroïne de la saga Harry Potter, qui est décrite comme quelqu'un qui est appliquée et étudie très dur", a poursuivi Sarah-Jane Leslie, ajoutant que "les longues heures à dévorer des livres sont vus comme un accomplissement féminin, pas le fait d'être brillant intellectuellement".

"Les résultats de notre recherche confortent l'hypothèse selon laquelle il s'agit de préjugés inconscients enracinés dans des stéréotypes sur l'homme et la femme dans notre société", a jugé Andrei Cimpian, professeur de psychologie à l'Université d'Illinois (nord), l'autre co-auteur.

Ainsi il est possible que "les membres d'une discipline académique qui recherchent des qualités intellectuelles exceptionnelles ne peuvent pas les voir dans leurs étudiants ou collègues femmes", a-t-il dit.

- Stéréotypes négatifs -

"Le résultat c'est qu'ils pourraient avoir tendance à juger les femmes moins capables d'excellence dans leur discipline que les hommes", ajoute le psychologue.

Dans ces disciplines où l'on idolâtre l'excellence intellectuelle, les femmes sont ainsi jugées moins aptes que les hommes pour accomplir le travail académique requis, ce qui en retour entraîne une plus faible participation féminine, explique-t-il.

Il s'agit des sciences, de la technologie, de l'ingénierie, des mathématiques mais aussi de la philosophie et de certaines sciences sociales comme l'économie.

Ces chercheurs ont aussi constaté que ce même mécanisme de préjugés pénalise les Noirs américains, moins représentés que les Blancs dans ces champs académiques à haut niveau.

Comme les femmes, les Noirs sont la cible de stéréotypes culturels négatifs quant à leurs capacités intellectuelles qui paraissent les décourager.

"Nous ne disons pas dans notre étude que le fait de rechercher ou de valoriser le talent intellectuel est une mauvaise chose ou que les femmes sont moins brillantes que les hommes", souligne Andrei Cimpian.

"Notre recherche suggère que le fait de transmettre aux étudiants l'idée que l'excellence intellectuelle est requise pour réussir pourrait avoir des effets différents sur les hommes et les femmes cherchant à faire carrière dans ces disciplines", selon lui.

Ces chercheurs ont aussi évalué trois autres hypothèses qui auraient pu aider à expliquer la sous-représentation féminine dans certains champs de recherche.

Il s'agit du fait que les femmes éviteraient des professions requérant de longues heures de travail, qu'elles sont moins capables que les hommes de réussir dans des secteurs très sélectifs, et enfin qu'elles sont surpassées par les hommes dans des disciplines pour lesquelles l'esprit analytique est essentiel.

"Nous avons conclu que rien de cela ne pouvait expliquer la sous-représentation des femmes dans l'ensemble des spécialités académiques", dit Sarah-Jane Leslie.

Cette recherche a été menée aux Etats-Unis auprès de plus de 1.800 étudiants de troisième cycle et des chercheurs venant d'obtenir leur doctorat dans trente disciplines à qui les chercheurs ont notamment demandé quelles étaient les qualités requises pour y réussir.

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