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Destitution: les démocrates pressent le pas et défient la Maison Blanche

Les démocrates du Congrès avancent au pas de charge dans la procédure de destitution de Donald Trump et ils ont lancé vendredi une injonction solennelle à la Maison Blanche, la sommant de fournir des documents utiles à leurs investigations.

"La Maison Blanche a refusé de collaborer, ou même de répondre, à de multiples demandes de nos commissions de remise volontaire de documents. Après près d'un mois d'obstruction, il semble évident que le président a choisi la voie du défi, de l'entrave et des opérations de dissimulation", ont écrit les chefs démocrates de la Chambre des représentants dans un communiqué. La présidence a jusqu'au 18 octobre pour obtempérer.

Un peu plus tôt dans la journée, c'est au vice-président Mike Pence que les démocrates s'étaient adressés, certes avec un peu plus de formes. Sans injonction formelle, ils lui ont également demandé des documents pour mieux comprendre les conditions dans lesquelles M. Trump a tenté de faire pression sur son homologue ukrainien pour qu'il ouvre une enquête sur Joe Biden, un de ses principaux rivaux démocrates, et sur son fils.

Sous pression, le président américain s'est longuement expliqué depuis les jardins de la Maison Blanche, assurant que sa démarche vis-à-vis de son homologue ukrainien n'avait aucune visée électorale et avait pour seul but de lutter contre la corruption dans ce pays.

Car la procédure de destitution lancée par les démocrates a apporté de nouvelles révélations.

Des SMS échangés par des diplomates américains, très embarrassants pour le locataire de la Maison Blanche, démontrent que l'administration Trump a bien fait pression sur le président ukrainien pour qu'il enquête sur Joe Biden à l'approche de la présidentielle de 2020.

Donald Trump est sous la menace d'une mise en accusation ("impeachment") pour avoir demandé au président ukrainien Volodymyr Zelensky --lors d'un appel téléphonique le 25 juillet-- de l'aider à rassembler des informations compromettantes sur Joe Biden, bien placé pour l'affronter en 2020.

Les démocrates le soupçonnent aussi d'avoir mis dans la balance une aide militaire destinée à l'Ukraine, qui avait été suspendue par la Maison Blanche cet été.

L'un des messages de diplomates rendu public par le Congrès a été envoyé par Kurt Volker, l'ex-envoyé spécial des Etats-Unis pour l'Ukraine, peu avant l'appel entre les deux présidents.

"Le plus important, c'est que Zelensky dise qu'il aidera l'enquête", a-t-il écrit le 19 juillet au chargé d'affaires américain à Kiev, Bill Taylor, et à l'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'Union européenne Gordon Sondland.

Puis, plus explosif encore, car touchant au nerf des soupçons démocrates, M. Taylor, un diplomate de carrière, a écrit le 9 septembre à M. Sondland, un important donateur de la campagne Trump: "Comme je l'ai dit au téléphone, je trouve ça dingue de suspendre l'aide sécuritaire en échange d'un coup de main pour une campagne politique".

"Bill, je pense que vous avez tort concernant les intentions du président Trump. Le président a été très clair, pas de contrepartie, d'aucune sorte", répond, tranchant, M. Sondland. "Je suggère que nous arrêtions ces échanges par SMS".

- Trump se tourne vers le Sénat -

"Je me fiche de la campagne de Biden, mais pas de la corruption", a lancé vendredi M. Trump, reprenant des accusations non étayées contre le fils de l'ancien vice-président américain qui avait siégé à partir de 2014 au Conseil d'administration d'une entreprise gazière ukrainienne.

"Je ne pense pas que Biden va gagner", a-t-il taclé. "Biden n'est pas un type très intelligent (…) Il a été sorti d'un tas d'ordures par (Barack) Obama", a-t-il poursuivi, très agressif.

Donald Trump, qui martèle depuis le début de l'affaire que son échange avec Volodymyr Zelensky était tout à fait approprié, a reconnu que la procédure de mise en accusation allait probablement aboutir à la Chambre des représentants. "Les démocrates, malheureusement, ils ont les voix, ils peuvent voter (l'"impeachment") très facilement", a-t-il déclaré.

Rappelant, dans une menace à peine voilée, qu'il était extrêmement populaire au sein de son parti, le milliardaire a profité de l'occasion pour appeler les républicains à faire bloc au Sénat, où ils sont majoritaires, car c'est là qu'aura lieu un éventuel "procès" si sa mise en accusation est votée à la chambre basse.

"Je pense que le Sénat pense que c'est une honte et qu'ils estiment que le parti républicain a été très mal traité", a-t-il lancé en guise d'avertissement à ceux qui, parmi les élus de son parti, pourraient être tentés de prendre leurs distances.

Pour l'instant, la plupart des ténors républicains se gardent d'émettre des critiques sur l'attitude de Donald Trump. Mais - fait notable - ils restent largement silencieux et se gardent aussi de voler à son secours.

Mitt Romney, ex-candidat à la présidentielle, a lui clairement exprimé vendredi sa réprobation.

Le sénateur de l'Utah a jugé "épouvantable" que le président américain ait appelé Kiev puis Pékin, dans une déclaration publique jeudi, à enquêter sur Joe Biden.

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