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Doha annonce des dispositions pour mettre fin aux restrictions des travailleurs immigrés

Le Qatar a annoncé mercredi des dispositions visant à annuler des règles controversées appliquées à des travailleurs immigrés, les obligeant notamment à obtenir une autorisation pour quitter le pays ou les empêchant de changer de société sans permis de l'employeur.

Riche émirat gazier, le Qatar s'est engagé en février à parachever une réforme du code du travail destinée à améliorer les conditions des travailleurs immigrés avant le début du Mondial de football prévu dans le pays en 2022, en réponse aux critiques.

En 2018, les visas de sortie, qui obligeaient les travailleurs migrants à obtenir l'autorisation de leurs patrons pour quitter le pays, avaient été supprimés pour la majorité des travailleurs.

Ces autorisations étaient le pilier de la "kafala", un système de parrainage dénoncé par des ONG comme de l'esclavage moderne, permettant entre autres aux entreprises d'interdire à leurs salariés de changer d'employeur ou de quitter le pays.

Les autorités ont ainsi l'intention désormais d'annuler les visas de sortie pour ceux qui y étaient encore soumis.

"Le gouvernement a adopté une nouvelle législation (...) pour le salaire minimum, (...) une nouvelle réglementation pour faciliter un changement d'emploi (...) ainsi qu'un projet de loi pour abolir les autorisations de sortie", a dit le ministre du Travail Youssef Mohamed al-Othman Fakhroo en marge de la célébration du centenaire de l'Organisation internationale du travail (OIT).

Le ministre n'a pas dit quel serait le montant du salaire minimum, mais le gouvernement avait parlé auparavant de 750 riyals (environ 185 euros) par mois.

Selon le ministre, la nouvelle législation doit encore être approuvée officiellement par l'émir, avec le conseil de la Choura, un organe consultatif.

"C'est très important pour le Qatar", a-t-il affirmé à l'AFP. "Cela fera partie de notre stratégie sur le long terme, de faire (du Qatar) un havre pour les investissements".

L'OIT a salué ces annonces de réformes, "une grande nouvelle pour des millions de travailleurs et pour l'Etat du Qatar", selon Houtan Homayounpour, le directeur de l'organisation au Qatar.

Quelque deux millions d'étrangers sont employés au Qatar, nombre d'entre eux travaillant directement ou indirectement pour les projets d'infrastructures pour la Coupe du monde 2022 de football.

Selon Andreas Krieg, professeur au King's College de Londres, "les Qataris ressentent la pression des médias internationaux et ont reconnu à partir de 2017 qu'ils devaient faire des concessions et des progrès, ce qu'ils ont fait".

Les autorités "doivent en faire plus mais c'est clairement un début", a commenté un travailleur indien dans l'industrie textile, sous le couvert de l'anonymat.

"Il y a une législation du travail mais combien de personnes se plaignent?", s'est-il toutefois interrogé. "Les gens ne le font pas parce qu'ils ont peur de perdre leur travail".

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