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Dompter sa voix, un "challenge" qui "amuse beaucoup" Lou Doillon

Elle qualifie sa voix d'"étrange", résultat d'"une malformation des cordes vocales": pour accompagner son troisième album, sorti en février, Lou Doillon a choisi une formation plus rock, qui la force à pousser une voix dont les aléas l'"amusent beaucoup".

Sept ans après son premier album, la chanteuse et auteure, fille de Jacques Doillon et Jane Birkin, est désormais installée dans le paysage musical, qui l'avait un peu vite cataloguée folk.

Avec "Soliloquy", la trentenaire à la frange n'a pas révolutionné son univers musical, mais osé la fantaisie, avec plus de rythme, d'ampleur et quelques accents électro.

"C'est un chouette album pour moi, parce qu'il a déverrouillé, débloqué des choses", a-t-elle expliqué à l'AFP avant un concert au Poisson Rouge, une salle intimiste du quartier de Greenwich Village, à New York.

Produit en collaboration avec Benjamin Lebeau, du groupe électro inventif The Shoes, et Dan Lévy, du duo The Do, le disque a amené Lou Doillon "vers quelque chose de plus frondeur peut-être, plus guerrier par moment, plus lumineux aussi", que les deux premiers albums.

"C'est comme une palette de couleurs où, sur scène, on peut s'amuser à aller chercher des choses et c'est vraiment bien", dit la chanteuse de 36 ans, qui faisait partie des têtes d'affiche du festival France Rocks Summer Fest à New York.

Pour amener "Soliloquy" à la rencontre de son public, Lou Doillon s'est entourée d'une formation "beaucoup plus rock" que par le passé, avec notamment deux guitares lead, auxquelles elle ajoute par moment la sienne.

Sur plusieurs morceaux, les six cordes prennent donc régulièrement le pouvoir. "Je suis obligée de pousser (ma voix) et donc là elle fait des choses un peu étonnantes", explique l'ancienne mannequin.

- "Rien prévoir" -

Cette voix, qu'elle décrit comme "étrange", "fait un peu ce qu'elle veut". "A la base, j'ai une malformation des cordes vocales. Ce qui fait qu'elles sont dures à gérer. Elles ont un peu leur humeur".

Profonde, sa voix est pleine d'aspérités, au point de prendre parfois des tonalités blues. "Il y a un grave qui ne fait que chuter de plus en plus" au fil du temps, dit-elle.

"Avant, ça faisait très peur, parce que je n'avais aucune idée de ce qui allait sortir", glisse-t-elle dans un sourire. "Maintenant, ça devient un challenge qui m'amuse beaucoup".

"Derrière +Soliloquy+, la thématique est de se libérer de soi-même", poursuit-elle. "J'arrive à un âge, autour de 35 ans, où on se dit, mais finalement, qu'est-ce qu'on est? Si on enlève l'ambition qu'avaient les parents, l'éducation qu'on nous a donnée, l'endroit où on est né, qu'est-ce qui nous appartient? Et comment est-ce qu'on s'appartient et comment on se libère?"

Issue d'une famille légendaire, très tôt mannequin et actrice, Lou Doillon a construit sa trajectoire artistique au hasard des envies et des rencontres, un chemin sinueux qui a parfois dérouté.

"Ma carrière se comprend en regardant derrière", dit-elle aujourd'hui.

"Il y a un désir de vivre plus que de figer", explique celle qui connu le succès dès son premier album, "Places", vendu à plus de 300.000 exemplaires.

"Je n'ai fait que des films parce que l'expérience de les faire me plaisait beaucoup. Le résultat m'intéresse beaucoup moins que le fait de faire".

"Les gens qui peuvent projeter des carrières sont des gens qui ont eu quelque chose d'assez +safe+ pour s'imaginer qu'on peut vraiment prévoir quelque chose", dit-elle. "Moi, j'ai été élevée dans une famille où l'on ne peut rien prévoir (...) Rien n'est contrôlable. Il faut juste être bien avec soi".

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