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Dopage: l'AMA décide d'éventuelles sanctions contre la Russie

Nouvelle suspension ou statu quo ? L'Agence mondiale antidopage (AMA) se réunit mardi pour décider d'éventuelles nouvelles sanctions contre la Russie, accusée de dopage d'Etat entre 2011 et 2015.

Le comité exécutif de l'agence, son organe politique composé de représentants des gouvernements et du mouvement olympique, délibèrera mardi à partir de 13h00 GMT, par téléconférence. En jeu: l'agence antidopage russe RUSADA doit-elle être de nouveau suspendue parce que les données des contrôles de l'ancien laboratoire de Moscou ont été récupérées par les experts de l'AMA avec 15 jours de retard sur la date-butoir ?

Le comité exécutif se prononcera en fait sur les recommandations -tenues secrètes- du comité de révision de la conformité (CRC), qui s'était réuni à Montréal, siège de l'AMA, les 14 et 15 janvier.

En annonçant le 20 septembre la levée de la suspension de la RUSADA en vigueur depuis 2015, l'AMA avait assorti cette décision controversée de conditions strictes. Parmi elles, la récupération des milliers de données enregistrées pendant les années 2011-2015 au coeur du scandale, devait intervenir avant fin décembre 2018.

Une première mission de l'AMA au laboratoire, mi-décembre, avait échoué, pour raisons "logistiques" selon le Kremlin. Une deuxième mission, dépêchée début janvier, a finalement permis à l'agence de récupérer les données juste avant que le CRC n'envoie ses recommandations au comité exécutif mi-janvier. Soit deux semaines après la date-butoir.

- Le plaidoyer de la RUSADA -

Ce retard de 15 jours suffira-t-il à justifier une nouvelle suspension de la RUSADA, ou l'AMA va-t-elle "passer l'éponge" afin de ne pas entraver ses efforts pour réintégrer la Russie dans le giron du sport international ?

L'agence russe a lancé un ultime plaidoyer à l'AMA avant la réunion du comité exécutif, jurant avoir subi de "profondes transformations" et défendre désormais "les valeurs d'un sport propre".

"Je vous assure que même si la RUSADA n'a pas l'autorité et les droits pour ouvrir l'accès aux données du laboratoire, l'agence a fait et continue de faire des efforts pour s'assurer que toutes les demandes du comité exécutif de l'AMA du 20 septembre soient satisfaites avant la date limite", explique son directeur Yuri Ganus dans une longue lettre à l'instance internationale, datée du 18 janvier.

L'enjeu est important pour la Russie, bannie depuis novembre 2015 de toute compétition par la fédération internationale d'athlétisme (IAAF). En décembre dernier, la fédération, qui autorise des athlètes russes triés sur le volet et sous bannière neutre, avait maintenu les sanctions, en réclamant à nouveau les données des contrôles de l'ancien labo de Moscou.

Depuis fin 2015, les sanctions de l'AMA ont par ailleurs rendu plus difficile l'attribution de grandes compétitions à la Russie, après les JO d'hiver de Sotchi en 2014 et l'attribution de la Coupe du monde de football 2018 pour la Fifa fin 2010.

Si le premier président de l'AMA Dick Pound estime qu'avoir récupéré les données avec quelques jours de retard "n'est pas la fin du monde", les partisans d'une ligne dure, comme les agences antidopages britannique (UKAD) et américaine (USADA), ne désarment pas et plaident pour une nouvelle suspension de la RUSADA.

Sanctions ou pas, les experts de l'AMA vont désormais chercher à authentifier et à analyser les données des contrôles du labo, remontant à l'époque du dopage institutionnel, pour dresser une liste de sportifs passibles de sanctions disciplinaires. Et d'ici au 30 juin, l'agence mondiale compte demander à Moscou les échantillons nécessaires pour les réanalyser.

D'après l'avocat canadien Richard McLaren, qui a dirigé l'enquête de l'AMA, les données des contrôles pourraient fournir "entre 300 et 600" cas.

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