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Dopage: l'AMA, sous le feu des critiques, tente d'éteindre l'incendie russe

Attaque du patron de l'antidopage américain, démission d'une membre du comité qui a recommandé la levée de la suspension de la Russie, fuites sur ses échanges avec les autorités russes: critiquée, l'Agence mondiale antidopage (AMA) a tenté samedi d'éteindre l'incendie qu'elle a elle-même allumé la veille.

Elle l'a présentée comme "une clarification", mais c'est bien une mise au point qu'elle espère implacable, auquel l'AMA a procédé en fournissant in extenso des échanges de courriers entre ses dirigeants et le ministre russe des Sports depuis juin dernier.

"Il n'y a rien de neuf ou d'alarmant" dans cette correspondance, a insisté l'AMA, réagissant ainsi à la publication par le groupe audiovisuel britannique BBC d'une lettre adressée le 22 juin à Pavel Kolobkov.

Alors que la BBC présentait ce courrier comme la preuve de négociations entre ses dirigeants et les autorités russes pour parvenir à la levée de la suspension de la Russie prononcée en novembre 2015 après les révélations du rapport McLaren sur l'existence d'un système d'Etat de dopage entre 2011 et 2015, l'AMA a contre-attaqué.

"La manière dont l'AMA a approché le ministre russe des Sports avait été recommandée par le comité indépendant de révision de la conformité lors de sa réunion du 14 juin 2018 et est entièrement conforme à la feuille de route pour la réintégration de la Russie établie en janvier 2017", a-t-elle expliqué.

- Flexibilité et pragmatisme -

Plus que de négociations ou même compromissions, suggérées notamment par Travis Tygart, le respecté patron de l'agence andidopage américaine ("Cela sent extrêmement mauvais"), l'AMA parle, elle, de "flexibilité" et de "pragmatisme".

Son but est clair: "Ne pas voir disparaître les efforts réalisés par l'agence russe antidopage depuis deux ans, sous la supervision de l'AMA".

"Les différentes parties à travers le monde veulent la même chose: un système antidopage efficace et durable en Russie qui permettrait aux sportifs russes propres de reprendre leur place sur la scène internationale", a-t-elle insisté alors que la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) est intransigeante depuis 2015 avec la Russie, privée en tant qu'équipe des JO-2016 et des Mondiaux-2017.

"Cette issue n'allait jamais été atteinte sans de petits mouvements de chaque côté", assure l'AMA qui avait exceptionnellement et par soucis de transparence décidé de rendre public la recommandation de son comité indépendant de révision de la conformité.

L'instance internationale de lutte contre le dopage basée à Montréal a rappelé que la recommandation pour la levée de la suspension russe devait être encore approuvée par le comité exécutif le 20 septembre.

- Démission de Beckie Scott -

"Pour dissiper tout doute, la seconde condition (pour la levée de la suspension) exige que l'AMA reçoive les copies de la base de données et les échantillons brutes de l'ancien laboratoire de Moscou (...) Si cette condition n'est pas totalement remplie, le comité de révision recommandera que l'agence antidopage russe (RUSADA) soit déclaré non-conforme", a-t-elle insisté.

Il n'empêche: la démission de Beckie Scott, l'ancienne championne de ski de fond, membre du fameux comité de révision de l'AMA, sème le trouble.

Selon la BBC et la chaîne de télévision canadienne CBC, Scott, chantre de la lutte antidopage et également présidente de la commission des sportifs de l'AMA, a voulu s'élever ainsi contre la recommandation favorable à la Russie.

Elle fait écho à la réaction indignée de Travis Tygart: "Ce n'est pas étonnant que les sportifs propres soient choqués et outragés après le soudain volte-face de l'AMA qui a eu lieu de façon curieuse quelques jours avant une réunion cruciale", a écrit dans un communiqué envoyé à l'AFP celui qui a fait tomber l'ex-star du cyclisme, Lance Armstrong.

"Si la RUSADA est désormais conforme, très bien. Nous allons maintenant avoir toutes les données et les échantillons du laboratoire de Moscou et enfin justice sera rendue dans les centaines de cas (de dopage) qui ont capoté", a-t-il promis.

Levée de suspension ou pas dans moins d'une semaine, l'incendie russe pourrait encore consumer pendant longtemps le sport international.

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