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Dopage: le lanceur d'alerte Rodchenkov apparaît grimé pour sa première à la télé

Le lanceur d'alerte Grigori Rodtchenkov, qui a dévoilé le scandale du dopage institutionnalisé en Russie, est apparu grimé pour sa première interview depuis l'affaire, diffusée dimanche sur CBS, expliquant toujours craindre pour sa vie, sûr que le Kremlin veut le faire taire pour de bon.

Dans cette première interview accordée à la télévision américaine depuis son arrivée dans le pays fin 2015, l'ancien chef du laboratoire antidopage de Moscou a renouvelé ses craintes.

"Le Kremlin veut me faire taire", a affirmé dans cet entretien à l'émission 60 minutes de la chaîne CBS Rodtchenkov, rouage essentiel du programme de dopage institutionnalisé avant de faire défection.

Il avait déjà fait part du projet supposé du Kremlin à plusieurs reprises après s'être enfui, à la suite de la mort brutale et rapprochée de deux responsables de l'agence russe antidopage (RUSADA). Un mandat d'arrêt a été émis à son encontre en Russie.

L'émission de CBS a montré Rodtchenkov se déguiser et enfiler un gilet pare-balles pour se promener.

"Le déguisement c'est pour des raisons de sécurité", explique l'homme qui a rasé sa moustache et change régulièrement de couleur de cheveux. "J'ai des informations selon lesquelles ma vie est en danger et on a pris les précautions nécessaires".

Le Kremlin a dénoncé les "insinuations" de Grigori Rodtchenkov, "un homme qui souffre visiblement de problèmes psychologiques et même psychiatriques", selon le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov.

- 'Pas un menteur' -

"Tout ce qu'on peut dire, c'est que ces accusations contre notre pays sont sans fondement", a ajouté M. Peskov, avant de préciser que "tout ce qu'il (Rodtchenkov) a dit contre le président Poutine n'est rien d'autre que des mensonges".

"Je ne suis pas un menteur, je ne disais pas la vérité quand j'étais en Russie mais depuis que je suis arrivé aux Etats-Unis je dis la vérité", a rétorqué sur CBS l'homme de 59 ans, qui souhaite à présent mettre à profit son temps pour exposer les affaires de dopage et essayer de faire évoluer les choses.

Il a déjà témoigné à distance devant le Tribunal arbitral du sport. Fataliste, il doute cependant que les Jeux olympiques voient un jour tous les athlètes jouer le jeu, propres.

"On peut essayer d'y croire mais c'est la nature humaine", a-t-il dit. "Ce sont nos péchés, cela n'a rien à voir avec le sport. Il y a 10, 15% qui sont incorrigibles. On ne peut rien y faire, il y a des tricheurs par nature".

Du fait des révélations de Rodtchenkov, la Russie a perdu de nombreuses médailles des JO de Sotchi en 2014 et elle n'a pas été autorisée à participer aux Jeux de Pyeongchang. Les athlètes russes "propres" invités par le Comité international olympique (CIO) concourent ainsi sous la bannière olympique.

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