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Drogues: faut-il changer la politique prohibitionniste?

La consommation de drogue n'a pas diminué et l'offre de nouvelles substances ne cesse d'augmenter. Les Nations Unies se réunissent aujourd'hui à New York pour discuter d'une nouvelle stratégie à mettre en place. Faut-il faire un virage à 180° et en finir avec la prohibition?

Aujourd'hui et jusqu'au 21 avril se tient une session extraordinaire de l'Assemblée Générale des Nations Unies sur la drogue (UNGASS) à New-York. Au total, 193 pays discuteront d'une politique commune. La stratégie actuelle de prohibition n'a pas enrayé le trafic et la consommation. L’agence fédérale américaine de lutte contre le trafic de stupéfiants (DEA) admet que les drogues sont de plus en plus abordables et faciles à se procurer et il y aurait actuellement 300 millions de consommateurs dans le monde. Par ailleurs, selon un documentaire diffusé par la télévision Suisse RTS, "100 milliards de dollars sont dépensés chaque année pour la répression et un quart des prisonniers de la planète sont enfermés pour des raisons liés à la drogue." Alors, ne faut-il pas changer de méthode? Ils sont de plus en plus nombreux à appeler à une légalisation de la consommation de drogue.

"Les politiques sont morts de trouille à l'idée d'agir"

L'association belge "Infor-Drogues" estime qu'il y a peu de chances que les choses évoluent. "Au niveau des Nations-Unis, c'est encore plus compliqué de faire bouger les choses. C'est déjà difficile pour un pays de changer sa législation, alors au niveau global... Par contre, on peut envisager un changement de statut du cannabis car différents Etats américains ont légalisé le cannabis, y compris pour l'usage récréatif", dit Antoine Bouchez. Pour le chargé de communication, c'est aux politiciens de prendre leurs responsabilités face à cette problématique vieille comme le monde: "Mais ils ne veulent pas voir leurs noms accolés à une loi qui légaliserait. Le manque de courage politique est flagrant. Les politiques sont morts de trouille à l'idée d'agir." D'ailleurs, si au Etats-Unis, le cannabis est devenu légal dans certains Etats, il est bon de rappeler que ce n'est pas grâce aux politiciens mais grâce aux citoyens. "Au Colorado par exemple, où l'usage du cannabis est devenu totalement légal, ce sont les citoyens qui ont voté par référendum pour la légalisation. Le changement ne provenait pas des politiciens."

Suivre l'exemple du Portugal?

Depuis la convention unique sur les stupéfiants de 1961, le mot d'ordre est le même: interdiction. Quelques pays ont néanmoins changé de cap, comme le Portugal par exemple qui a dépénalisé l'usage de toutes les drogues depuis les années 2000 sans pour autant voir le nombre de consommateurs augmenter. Bien que l'usage de stupéfiants soit toujours illégal, les consommateurs ne sont plus considérés comme des "criminels" mais comme des "patients" à part entière. Ils sont ainsi directement pris en charge par des structures adaptées et envoyés vers des services de santé publique.

En 2011 une nouvelle drogue était détectée par semaine
Si les drogues classiques continuent à être consommées de manière massive, les drogues de synthèse sont en pleine expansion. Selon l'observatoire européen des drogues et des toxicomanies, "une nouvelle drogue était détectée par semaine en 2011". En France par exemple, le nombre de nouvelles drogues détectées sur le territoire s'élève à 196 depuis 2010.

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