Accueil Actu

Droits des femmes: les manifestations interdites à Madrid, mais maintenues ailleurs en Espagne

Situation sanitaire oblige, les manifestations du 8 mars à Madrid pour la journée mondiale des droits des femmes qui rassemblent habituellement des centaines de milliers de personnes, ont été interdites dans la capitale, mais pas dans d'autres villes espagnoles.

Barcelone, Séville, Valence... Malgré la pandémie, des rassemblements à la couleur des luttes féministes, le violet, se tenaient lundi dans plusieurs dizaines de villes espagnoles, sauf dans la plus grande d'entre elles, Madrid, habituel théâtre de gigantesques marches, où les manifestations ont été interdites par le représentant du gouvernement par crainte d'accroître la propagation du coronavirus.

"Les inégalités continuent : les femmes sont moins payées, nous travaillons plus à la maison et on nous tue plus. Si demain il n'y a plus d'inégalités, je ne viendrais pas (manifester, NDLR)", explique Mireia Mata, 54 ans, venue au rassemblement à Barcelone.

Plusieurs milliers de personnes, dont certaines avec des masques violets, s'étaient données rendez-vous sur une célèbre avenue de la deuxième ville espagnole, mais restaient moins nombreuses que les années précédentes, en raison de la pandémie.

L'an dernier, à quelques jours du début d'un confinement très strict, la manifestation avait rassemblé plus de 100.000 personnes à Madrid, et trois membres du gouvernement qui y avaient participé avaient été testés positifs peu après.

Lundi, bravant l'interdiction, quelques dizaines de personnes s'étaient malgré tout retrouvées sur la célèbre place de la Puerta del Sol.

Plusieurs personnalités, journalistes, actrices ou femmes politiques, ont appelé sur les réseaux sociaux à sortir au balcon ou sur le seuil des maisons ou immeubles à 20H00 à Madrid afin de participer au mouvement du 8 mars, malgré l'interdiction de manifester.

"Pour toutes les femmes qui se sont données à fond pour nous sortir de cette pandémie et pour que nous puissions avancer dans l'égalité sans que rien ne nous limite #viensaubalconMadrid20h #SorssurleseuilMadrid20h", a ainsi tweeté Isabel Serra, la porte-parole du parti de gauche radicale Podemos.

"A 20H00, sortons sur nos seuils, à nos fenêtres, sur nos balcons. On nous entendra dans toutes les rues de la ville. Ce 8 Mars 2021, faisons de tout Madrid une manifestation #SorssurleseuilMadrid20h", a également posté l'actrice Leticia Dolera.

Plusieurs fresques murales rendant hommage aux femmes ont par ailleurs été aspergées de peinture ou vandalisées dans la nuit de dimanche à lundi dans diverses villes, dont Madrid, avec des inscriptions telles que "Stop aux féminazis", "La violence n'a pas de genre" ou encore "Nous sommes libres".

- "Beaucoup à faire" -

"Il nous reste beaucoup de travail à faire" pour "en finir avec les préjugés qui subsistent encore", a déclaré le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez lors d'une cérémonie au ministère de l'Egalité.

"S'il y a bien une chose où nous ne pouvons pas décevoir, c'est la lutte féministe: ce qui se joue ici c'est le progrès, la décence de notre pays et la croissance économique", a-t-il poursuivi.

Évoquant le confinement du pays et ses effets, M. Sánchez a fait état d'"un nouveau cas de violence de genre" survenu ce lundi, celui d'une femme poignardée et grièvement blessée par son ex-conjoint à Valence (est).

Il a confirmé la prochaine adoption d'un projet de loi dite du "seul un oui est un oui", un texte sur les violences sexuelles introduisant la notion de consentement explicite.

Depuis 2003, début du décompte des féminicides en Espagne, 1.082 femmes ont été tuées dans le pays par leurs conjoints ou ex-conjoints, dont 45 en 2020 et quatre depuis le début de l'année.

Considérée comme pionnière depuis l'adoption de la loi de 2004 sur les violences de genre, l'Espagne compte un puissant mouvement féministe et dispose aussi d'un observatoire public des féminicides.

Le 8 mars est devenu un rendez-vous incontournable pour les féministes en Espagne depuis 2018, lorsqu'une grève massive avait été suivie et des centaines de milliers de personnes avaient défilé dans les rues.

À lire aussi

Sélectionné pour vous