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Emilie a pu pénétrer dans une prison secrète en Syrie: témoignage entre odeur insoutenable et mouroir pour malades

Une délégation parlementaire belge est actuellement en Syrie pour se rendre compte de la situation sur place. Dans les prisons syriennes, il reste encore 14 djihadistes belges détenus. Dans les camps, ce sont 23 femmes djihadistes avec 42 enfants.

Émilie Baujard, pour RTL France, a pu pénétrer dans une des prisons du pays. Un endroit ultra sécurisé et tenu secret où 5.000 djihadistes s'entassent.

44 détenus dans 12 m²

"Des gardes masqués nous accueillent et nous mènent devant une des cellules. Il y a une petite ouverture dans la porte et l'odeur qui se dégage est à peine supportable. Dans cette pièce de 12 m² sans lumière du jour, 44 détenus dorment les uns sur les autres. Un homme vient vers nous, barbe courte et capuche sur la tête : "Il y a des conditions sanitaires qui sont… il y a les poux, la galle, ce sont des conditions infernales, vraiment infernales. On ne voit même pas le soleil une fois par semaine. La nourriture aussi n'est pas bien saine." Cet homme de 65 ans est tunisien. Il est enfermé ici depuis la chute de l'État islamique il y a presque un an. Comme beaucoup d'autres, il dit n'avoir jamais combattu et assure qu'il tenait simplement un commerce à Raqqa. Mais Ali, le responsable des surveillants, n'y croit pas une seconde. "S'ils étaient tous des civils, alors qui était Daesh ? C'est n'importe quoi. Nous avons mené l'enquête, récupéré sur les réseaux sociaux des vidéos et des photos de leurs exactions. On sait qui ils sont."

Aucune nouvelle du monde extérieur

Pour éviter toute mutinerie, les détenus ne savent pas que le chef de l'État islamique (Abou Bakr al-Baghdadi, ndlr) est mort ni que la Turquie a lancé une offensive en octobre. Un détenu nous demande combien de temps il va rester ici. Nous n'avons pas le droit de lui répondre. "On a besoin de savoir ce qu'on va faire de nous. "Ça va faire un an qu'on est ici. Il faut qu'on nous amène devant les tribunaux, qu'on nous juge. Mais qu'on ne nous laisse pas comme ça. On veut des informations, même minimes. Qu'on nous dise ce qu'il va nous arriver."

Tous les malades entassés dans une même pièce

Au fond de la cellule, certains hommes sont très maigres et ne bougent presque pas. Les plus malades sont tous regroupés dans une grande pièce. 350 prisonniers blessés ou dénutris. Parmi eux, un homme avec une couverture grise sur la bouche qui lui sert de protection. "J'ai eu une grave anémie et beaucoup de gens sont morts. Et j'ai eu une fracture dans la main et j'attends d'avoir une chirurgie. Pour nous c'est vraiment de la torture. Quelle que soit la raison pour laquelle on est ici, on a des droits."

Les autorités kurdes ont annoncé récemment qu'elles pourraient commencer à juger tous ces djihadistes au printemps. Mais en attendant, ces 5.000 prisonniers restent à leur charge avec les risques d'évasion que ça comporte. D'autres prisons ont déjà été attaquées ces derniers mois."

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