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Emoi au Paraguay après la découverte d'ossements dans une maison de Stroessner

La découverte de trois crânes et d'autres restes humains enterrés dans une des maisons du général Alfredo Stroessner suscite l'émoi au Paraguay, tandis que les autorités tentent de vérifier s'ils pourraient appartenir à des disparus de la plus longue dictature d'Amérique du sud.

Construite sur une propriété de 30 hectares à Ciudad del Este, à 325 kilomètres à l'est d'Asuncion, à la frontière entre le Paraguay, le Brésil et l'Argentine, la maison avait été construite dans les années 1970.

Elle était abandonnée depuis de nombreuses années, jusqu'à l'installation il y a deux semaines de près de 200 familles sans abri. Des squatteurs ont alors découvert les ossements sous le sol d'une des salles de bain.

"Ils ont trouvé trois crânes, deux fémurs, un humérus et d'autres restes. Ils ont tous été conservés, marqués et scellés. Ils ont été envoyés sous protection à Asuncion, à l'unité spécialisée sur les droits humains" de la Commission Vérité Justice et Réparation, dépendant du ministère de la Justice, a indiqué à l'AFP son président Rogelio Goiburu.

Certains d'entre eux affirment avoir retrouvé d'autres ossements, mais il s'agit d'animaux selon M. Goiburu.

"Ils ont découvert un tunnel rempli de décombres. Ils nous ont dit qu'il avait 100 mètres de long et qu'il se terminait par une fosse où il y a d'autres ossements", a affirmé à l'AFP Rafael Esquivel, un porte-parole des occupants.

La découverte des restes humaines, début septembre, a suscité l'émoi dans le pays sud-américain, 30 ans après la fin de la dictature (1954-1989) au cours de laquelle plus de 400 personnes ont disparu.

- Quatre identifications -

A ce jour, au Paraguay, seuls quelques responsables ont été condamnés. Mais les principaux protagonistes du régime n'ont pas été inquiétés. Alfredo Stroessner lui-même, déposé par un coup d'Etat militaire en 1989 et décédé en 2006 en exil à Brasilia, n'a jamais été jugé.

Des quelque 400 disparus pendant la dictature, seuls 40 cadavres ont été retrouvés, dont uniquement quatre ont été identifiés.

Avec l'aide de médecins légistes argentins, les quatre corps, retrouvés il y a quatre ans dans le bâtiment d'un commissariat de police, ont été identifiés par la Commission Vérité, Justice et Réparation.

Parmi eux, deux étaient des militants argentins, Rafael Filipazzi et José Agustin Potenza, arrêtés dans la capitale uruguayenne Montevideo, victimes du Plan Condor, programme destiné à coordonner la répression en Amérique du sud et soutenu par la CIA.

"De nombreuses personnes ne savent pas quelles bêtes nous ont gouverné durant 35 ans", se désole Rogelio Goiburu, un ancien médecin, dont le père, Agustin Goiburu, opposant à la dictature, a disparu en 1977, lui-même victime du Plan Condor.

Outre les disparitions, le travail de la Commission se penche désormais sur les abus présumés commis par Alfredo Stroesser sur des jeunes femmes. Des accusations de viols émergent peu à peu.

"Que Stroessner aimait les femmes, ce n'est pas une légende. Nous avons des femmes qui sont prêtes à témoigner devant la justice. Il apparaît que des jeunes filles ont été violées", assure Rogelio Goiburu, inlassable défenseur du devoir de mémoire.

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