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Emoi et colère aux Etats-Unis après la noyade de deux migrants

La photographie des corps d'un père et de sa fille en bas âge gisant au bord du Rio Grande a provoqué mercredi l'émoi et la colère au Mexique et aux Etats-Unis, où des élus démocrates ont dénoncé la politique migratoire "inhumaine" de Donald Trump.

Le président américain a lui exprimé son "horreur" à la vue de la photo, mais a montré du doigt ses adversaires démocrates qui veulent, selon lui, "des frontières ouvertes et cela veut dire des gens qui se noient".

Les corps sans vie d'Oscar Alberto Martinez, un Salvadorien de 25 ans, et de sa fillette âgée de 23 mois, ont été retrouvées lundi sur la rive du Rio Grande, près de Matamoros, dans le nord-est du Mexique.

Selon les médias, il avait décidé la veille de traverser la frontière à la nage car le pont allant vers Brownsville, côté américain, était fermé.

Les corps devraient être rapatriés mercredi au Salvador, selon les autorités locales. Tania Vanessa Avalos, 21 ans, veuve du jeune homme et mère de la petite fille, qui était avec eux pour la traversée, "est en état de choc. Elle est très jeune pour endurer autant de souffrances," a commenté à l'AFP un responsable mexicain.

Beto O'Rourke, ancien élu du Texas et candidat à l'investiture démocrate pour la présidentielle de 2020, a rendu le milliardaire républicain "responsable" de cette tragédie.

En "empêchant" les migrants de déposer des demandes d'asile aux postes-frontières, le gouvernement "force les familles à traverser entre ces postes, entraînant plus de souffrances et de morts", a-t-il ajouté.

- Politique migratoire "inhumaine" -

La sénatrice de Californie Kamala Harris, autre candidate démocrate pour 2020, a dénoncé la politique migratoire "inhumaine" du milliardaire républicain, la qualifiant de "tache sur notre conscience morale" alors que les migrants "fuient souvent la violence extrême".

Une autre prétendante à la Maison Blanche, Elizabeth Warren, a dénoncé une politique qui "salit notre pays" lors d'une visite devant un centre privé de rétention pour mineurs près de Miami.

Les autorités américaines sont débordées depuis plusieurs mois face à des arrivées nombreuses de migrants originaires d'Amérique centrale.

Certains déposent des demandes d'asile aux postes-frontières et doivent attendre au Mexique l'examen de leur dossier, ce qui peut durer plusieurs mois. D'autres choisissent de traverser illégalement la frontière, au péril de leur vie, pour se rendre aux autorités une fois aux Etats-Unis.

Pour la directrice de l'Unicef, Henrietta Fore, la mort d'Oscar Alberto Martinez et de sa fille sont un "rappel fort des dangers qui guettent les migrants tentant de rallier les Etats-Unis".

Au Mexique, le gouvernement du président Andres Manuel Lopez Obrador est très critiqué pour sa collaboration avec Washington.

"Nous les traitons (les migrants) comme du bétail, à cause de la pression" des Etats-Unis, a déclaré le président de la chambre des députés, Porfirio Munoz Ledo.

Le gouvernement "a évité les sanctions économiques de Donald Trump. A la place, nous avons ces images extrêmement tristes" a critiqué le journaliste Ciro Gomez Leyva, dont le programme de radio est l'un des plus populaires du pays.

- Budget d'urgence -

Leur mort rappelle celle d'Aylan Kurdi, un petit Syrien de 3 ans dont le corps avait été retrouvé sur une plage de Turquie et devenu le symbole tragique de la crise migratoire de 2015.

La photo de l'enfant gisant sur le ventre avait provoqué un choc en Europe et poussé l'Union européenne à ouvrir pour un temps ses frontières aux réfugiés syriens.

Signe de l'émotion suscitée par cette photographie des corps d'Oscar Alberto Martinez et de sa fille, le Congrès américain discutait mercredi d'une enveloppe d'urgence d'environ 4,5 milliards de dollars pour l'accueil des clandestins. Mais le Sénat républicain et la Chambre des représentants contrôlée par les démocrates ont approuvé des textes différents et doivent encore trouvé un compromis.

L'administration Trump est aussi au centre d'une polémique sur la détention des jeunes migrants par la police aux frontières à Clint, au Texas.

La semaine dernière, Human Rights Watch y a dénoncé des conditions de vie de 300 mineurs qui dormaient à même le sol dans une structure surpeuplée où le manque d'hygiène était criant. La majorité d'entre eux ont depuis été transférés dans d'autres centres d'accueil.

"La situation est très mauvaise et les conditions doivent changer immédiatement" dans ces centres, a dit à l'AFP Alan Shapiro, directeur des programmes pédiatriques à la clinique Terra Firma, rappelant qu'au moins sept migrants détenus étaient morts depuis un an.

A Boston, des salariés du distributeur américain de meubles Wayfair ont fait grève mercredi pour demander l'annulation d'une vente de lits pour un autre camp de mineurs sans-papiers au Texas, accusant leur employeur de tirer profit de la crise migratoire.

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