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En Argentine, la crise économique pèse sur les espoirs de réélection de Macri

Inflation galopante, économie en récession, coupes budgétaires sévères: le président Mauricio Macri va devoir batailler pour se faire réélire à la tête de l'Argentine, où sa marge de manoeuvre est étroite, sauf s'il parvient à stabiliser la situation.

2018 a été une "annus horribilis" pour le président argentin de centre-droit. L'inflation, annoncée à 10%, a atteint 48% et l'économie a chuté de 2,7% alors que les prévisions tablaient sur une croissance de 3,5%, selon les chiffres de la Banque mondiale.

Sans surprise, la cote de popularité du chef de l'Etat a suivi, dégringolant de 66% en 2017 à 35% en décembre, selon une enquête de l'Université de San Andrés.

Dès lors, l'enjeu pour le président sera de convaincre les Argentins qu'un deuxième mandat lui permettrait d'assainir puis de relancer l'économie.

"Je pense que nous les Argentins avons choisi le chemin le plus long: celui de l'effort, de la vérité, du long terme, de la construction commune. Nous sommes confrontés à l'énorme tâche de revenir sur 70 ans où on a préféré les raccourcis", a écrit le chef de l'Etat dans ses voeux du Nouvel an.

Le pari de Mauricio Macri est de parvenir à ralentir le rythme de l'inflation et d'enrayer la chute de l'économie d'ici octobre, date du premier tour de l'élection présidentielle.

Mais "il va devoir améliorer et résoudre beaucoup de choses", estime Pablo Knopoff, directeur du cabinet de conseil Isonomia.

- Partis minoritaires -

Il pourra néanmoins bénéficier de la division de l'opposition péroniste, qui embrasse tout le spectre politique, de la droite jusqu'à la gauche, et qui peine à se mettre d'accord sur un candidat unique.

La candidature pour un troisième mandat de l'ex-présidente de centre-gauche Cristina Kirchner (2007-2015), désormais sénatrice, reste incertaine. Elle est la mieux placée, mais se trouve empêtrée dans plusieurs affaires judiciaires.

Pour l'heure, le paysage politique fait augurer d'une "compétition entre partis minoritaires". "Le parti des indécis est majoritaire. Celui qui va gagner sera toujours minoritaire et devra négocier" avec d'autres formations, estime le sociologue Ricardo Rouvier.

Un sondage réalisé par l'institut Opinaia et publié cette semaine montre que M. Macri bénéficie de 27% des intentions de vote, contre 26% pour Mme Kirchner et 11% pour le péroniste Sergio Massa. D'ici l'élection, d'autres figures pourraient émerger.

Selon M. Knopoff, une candidature de l'ex-présidente pourrait favoriser M. Macri. Cristina Kirchner pourrait recueillir plus de voix que le président au premier tour, mais avec un fort taux de rejet, elle aurait peu de marge de progression, analyse Ricardo Rouvier.

Selon lui, ne pouvant guère valoriser son bilan économique et social, Mauricio Macri va "s'attacher à d'autres thèmes tels que la sécurité et la lutte contre la corruption", alors que Cristina Kirchner est inculpée dans plusieurs affaires, dont six pour corruption.

- Le facteur dollar -

Après une sécheresse inhabituelle qui a gravement touché le secteur des céréales, principal produit d'exportation de l'Argentine, un effondrement des investissements en obligations, et deux vagues de dépréciation du peso de 51%, Mauricio Macri a fait le choix de se tourner vers le FMI.

L'institution, qui suscite un large rejet chez les Argentins depuis la grave crise économique de 2001, a finalement accordé à l'Argentine un prêt de 57 milliards de dollars. En contrepartie, le président s'est engagé à un vaste programme de restrictions budgétaires avec l'objectif de parvenir à l'équilibre en 2019.

"Il y a une grande incertitude concernant le marché des changes. Malgré la stabilité du taux de change, le dernier mot n'a pas encore été dit parce qu'en période électorale, il y a généralement une dollarisation des actifs. En Argentine, le dollar sert de refuge", explique Lorenzo Sigaut, de la société Ecolatina.

Une troisième dépréciation placerait l'Argentine "dans une situation très critique, car il ne serait plus possible de se tourner vers le FMI", qui a accordé au pays le plus grand crédit de son histoire, souligne-t-il.

Dans le contexte d'une baisse de la consommation et de l'investissement public, "une stagnation est, dans le meilleur des cas, la prévision pour cette année", estime-t-il.

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