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En Birmanie, fluo et paillettes pour le premier festival LGBT public

Des drapeaux arc-en-ciel au milieu des perruques fluos et des paillettes sur les pelouses d'un parc de Rangoun: pour la première fois, le festival LGBT "&Proud" ouvert ce week-end se déroule en public même si l'homosexualité reste officiellement interdite en Birmanie.

"Certains ne savent rien des personnes LGBT" (lesbiennes, gays, bisexuelles et trans), explique Thaw Zin, 20 ans, cheveux décolorés et lentilles de contact bleues claires.

Dans le pays "vous avez donc des personnes qui sont LGBT sans savoir ce que c'est. Ils ne comprennent pas. Donc forcément c'est difficile pour les autres de comprendre", ajoute le jeune homme qui se dit homo.

Mais pour cette première édition publique - qui a commencé samedi et est prévue sur deux week-ends consécutifs -, quelque 6.000 personnes sont venues assister dès le premier jour aux différentes chorales, courses sur talons aiguilles ou lancers de sacs à main.

Ces dernières années, une version très discrète du festival se déroulait dans les jardins de l'Institut français, attirant seulement 2 à 3.000 personnes et la soirée mensuelle LGBT ne ressemble jamais plus de quelques centaines de fêtards.

Dans ce pays d'Asie du Sud-Est, le code pénal hérité de l'époque coloniale britannique interdit les relations sexuelles entre personnes du même sexe. Et si la loi n'est plus appliquée strictement, les militants la jugent responsable de discriminations.

Mais les tabous entourant l'homosexualité ont commencé à s'estomper depuis la dissolution de la junte en 2011 et un premier mariage gay symbolique en 2014.

"Tout cela n'est pas seulement pour la communauté LGBT. C'est pour l'ensemble du pays, pour la reconnaissance de l'égalité et des droits humains fondamentaux", estime Hla Myat Tun, co-directeur du festival.

- 'Bibliothèque humaine' -

Les organisateurs ont voulu, pour cette première, miser principalement sur des activités festives et récréatives.

Comme dans les kermesses, épingler la queue arc-en-ciel sur la licorne s'avère très populaire: enfants et grands-mères se pressent autour du stand tandis qu'à quelques mètres la chorale LGBT en longyis (juges birmanes traditionnelles pour homme et femme) arc-en-ciel reprend des classiques.

La foule est aussi venue nombreuse acclamer les coureurs dont de nombreux drag-queens.

Sur d'autres pelouses, l'ambiance est plus sérieuse, des bénévoles animent une "bibliothèque humaine": ils sont là pour raconter leurs histoires personnelles, leurs difficultés. Un peu plus loin, une exposition photo sur des couples lesbiens et enfin une série de documentaires.

"A Simple Love Story" raconte l'histoire touchante de la relation entre un homme transgenre à Rangoun et une femme trans de Mandalay.

Peu après est présenté: "This Kind of Love", qui relate la vie d'Aung Myo Min, militant LGBT âgé de 52 ans, de sa participation au mouvement étudiant de 1988 à son engagement dans une armée rebelle pendant cinq années.

"Les gens sont vraiment surpris de voir un gay comme moi sur scène, prononcé un discours politique", explique-t-il.

"Je suis allé dans la jungle qui est totalement dominée par des machos et des règles militaires très strictes. J'ai donc survécu", ajoute-t-il hilare, espérant que son histoire permette de casser les stéréotypes liés aux homosexuels.

Pour les organisateurs, les débuts prometteurs du festival sont un encouragement: la prochaine étape, sera pour eux, politique. Pour faire disparaître les lois discriminatoires contre les homosexuels.

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