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En Caroline du Sud, les démocrates courtisent les électeurs noirs

Autour d'un plat d'ailes de poulet épicées, à l'église ou dans une université fondée pour des étudiants noirs, les candidats à l'investiture démocrate sillonnent la Caroline du Sud pour séduire les électeurs afro-américains, clé potentielle de la victoire dans leur course à la Maison Blanche.

Le président républicain Donald Trump "tente de nous diviser, notre campagne nous rassemble" au contraire, a lancé dimanche le sénateur indépendant Bernie Sanders sous les applaudissements assourdissants des quelque 600 personnes réunies dans le gymnase d'une université à Rock Hill, petite ville de cet Etat du sud-est américain.

"Elle nous rassemble entre Noirs et Blancs, Hispaniques, Amérindiens, Américains d'origine asiatique dans la lutte pour la justice économique, la justice sociale, la justice raciale et la justice environnementale."

Le choix de la petite université Clinton, fondée à la fin du 19e siècle pour accueillir des étudiants noirs en pleine ségrégation, a été appréciée par Stephonia Wright venue voir Bernie Sanders pour la première fois.

La quadragénaire n'a pas encore fixé son choix parmi les plus de de 20 candidats: l'ancien vice-président Joe Biden - qui caracole en tête des sondages nationaux ainsi que dans l'électorat noir - la sénatrice noire et ancienne procureure Kamala Harris, le jeune maire blanc de South Bend Pete Buttigieg...

"Il va falloir attendre d'être plus près des primaires pour voir qui émerge des cendres", dit-elle dans un éclat de rire.

D'ici là, les candidats vont se battre pour courtiser les Noirs en Caroline du Sud, où ils représentent une majorité de l'électorat pour la primaire démocrate.

Leur rôle sera d'autant plus déterminant dans le choix de celui qui affrontera Donald Trump en novembre 2020 que cet Etat sera parmi les premiers à voter dans les primaires démocrates... et pourra donc donner une impulsion décisive à son vainqueur.

D'où la frénésie électorale qui s'est emparée de la capitale, Columbia, ce week-end, lorsque pratiquement tous les candidats ont multiplié conférences et rencontres en petit comité.

Vendredi, Kamala Harris, fille d'immigrés jamaïcain et indienne, a rencontré un petit groupe de femmes. Samedi matin, le sénateur Cory Booker, autre candidat noir de ce groupe affichant une diversité inédite, a été accueilli chaleureusement dans une paroisse de Columbia. Dimanche, Bernie Sanders a ravi les clients d'un petit restaurant de Rock Hill en arrivant par surprise...

Mais c'est le nom de Joe Biden, fort d'une solide popularité tirée en partie de ses huit ans passés comme bras droit de Barack Obama, qui résonne pour l'instant le plus fortement chez les électeurs démocrates.

A 76 ans, il "peut remettre le pays sur les rails", juge Eva Gordon, 75 ans, en arrivant dimanche dans son tailleur blanc éclatant à l'église Zion, centre névralgique à Columbia de la lutte pour les droits civiques dans les années 1960.

- Polémique "exagérée" -

La polémique autour de ses récents propos évoquant sa "courtoisie" avec deux sénateurs favorables à la ségrégation raciale ?

"Elle me semble avoir été exagérée", estime Ida Washington, 65 ans, venue l'écouter comme une vingtaine d'autres candidats vendredi soir lors d'une grande fête gratuite organisée par un populaire élu noir du Congrès américain, Jim Clyburn, qui a aussi défendu Joe Biden la semaine dernière.

La tempête que traverse Pete Buttigieg dans sa ville de l'Indiana, un Etat du Nord, après la mort d'un homme noir abattu par un policier blanc ne résonne pas non plus encore dans les rues de Columbia.

Mais elle a poussé le maire à écourter sa visite et rater l'influente fête de M. Clyburn, pourtant une excellent opportunité de se faire connaître ici.

"De nombreux Afro-américains se définissent comme modérés et cela peut en partie aider Biden", un candidat centriste comme Buttigieg, à ce stade précoce et encore incertain de la course, estime Kyle Kondik, politologue à l'université de Virginie.

Mais l'électorat noir n'est pas "monolithique", souligne Johnnie Cordeiro, président d'un groupe - le "Democratic Black Caucus of South Carolina" - qui pousse en faveur du vote démocrate, lors d'une rencontre organisée entre de jeunes Noirs "millenials" et des candidats, autour de plats d'ailes de poulet à la sauce barbecue épicée, typique du sud des Etats-Unis.

Pourtant, il existe bien certains sujets transversaux, selon lui: la lutte "contre les inégalités économiques", la question de l'"incarcération massive" des Noirs et la grande demande d'une indemnisation pour les ravages causés par l'esclavage et son héritage.

"Ce sont les problèmes que les candidats doivent aborder s'ils veulent le soutien des Noirs".

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