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En Iran, le président prône "l'unité" et la "confiance" dans le peuple

Le président iranien Hassan Rohani a lancé dimanche un appel à "l'unité" en Iran, recommandant aux dirigeants de "faire confiance au peuple", un message implicite au camp conservateur après de récentes manifestations meurtrières contre le pouvoir.

"Je demande à ce que l'année qui vient, celle du 40e anniversaire de la révolution (islamique), soit une année d'unité. Je demande aux conservateurs, aux réformateurs, aux modérés et à toutes les parties, de se rassembler", a dit M. Rohani lors d'un imposant rassemblement à Téhéran marquant le 39e anniversaire de la chute du régime du chah Mohammad Reza Pahlavi.

Ce discours intervient un mois et demi après une série de manifestations non autorisées contre le pouvoir dans plusieurs villes d'Iran, aux alentours du Nouvel An. Selon les autorités, 25 personnes ont été tuées dans des violences lors de ces rassemblements organisés pour protester contre le pouvoir, les difficultés économiques et la corruption.

- 'Inviter tout le monde' -

Président depuis 2013, Hassan Rohani, un modéré, est très critiqué par les conservateurs qui contrôlent de nombreuses institutions clés du pouvoir. Ils lui reprochent ses tentatives de rapprochement avec l'Occident et sa volonté d'accorder davantage de libertés civiles.

Depuis les troubles qui ont éclaté fin 2017, M. Rohani tente de les convaincre de suivre ses appels à des réformes, rappelant même fin janvier que le régime du chah "a tout perdu parce qu'il n'a pas écouté la voix et les critiques de la population".

"Nous devons faire confiance au peuple et permettre aussi à toutes les sensibilités de participer aux élections", a-t-il martelé dimanche dans un apparent message aux conservateurs qui dominent le Conseil des Gardiens de la Constitution, un organisme qui invalide régulièrement des centaines de candidatures pour différents scrutins.

"Notre révolution a été victorieuse lorsque nous étions tous ensemble (...) Nous avons forcé certains à sauter du train de la révolution, ce que nous aurions pu éviter. Mais aujourd'hui, nous devons à nouveau inviter tout le monde à bord du train victorieux", a insisté le président Rohani.

"Toutes les races iraniennes, toutes les religions iraniennes, les musulmans chiites et les sunnites, les chrétiens, les juifs et les zoroastriens, chaque personne qui croit dans la Constitution est un citoyen et doit être respecté", a souligné le président.

- 'laisser les gens tranquilles' -

Il a à cette occasion plaidé pour l'organisation de référendums, un sujet controversé en Iran. Bien que de telles consultations soient prévues par l'article 59 de la Constitution adoptée après la révolution islamique de 1979, aucune n'a été organisée depuis des décennies.

"S'il existe des différences d'opinion sur certains sujets, pas besoin de se quereller entre différentes factions (...). Il suffit (pour les dirigeants) de faire venir une urne et en vertu de l'article 59 de la Constitution d'agir en fonction de ce que diront les gens", a déclaré M. Rohani.

Cette proposition a reçu un soutien immédiat sur les réseaux sociaux avec de nombreux tweets marqués du hashtag #référendum.

Le président n'a pas spécifié sur quels sujets ils souhaitait voir de tels référendums, mais sa proposition intervient sur fond de discussions croissantes sur des questions de société telle que l'obligation faite aux femmes de porter le voile.

Au cours des dernières semaines, des images sur les réseaux sociaux ont montré des dizaines de femmes brandir, tête nue, chacune dans un lieu public, leur foulard pendu au bout d'une perche. Bien que limitées, ces protestations sont inédites et ont fait ressurgir une question qui agite la société iranienne depuis des décennies.

Selon une étude évoquée par le cabinet du président Rohani le mois dernier, la moitié des habitants de Téhéran ne soutiennent pas l'obligation faite aux femmes de porter le voile islamique.

"Nous devrions laisser les gens tranquilles et ne pas interférer dans leur vie privée", a soutenu le président. Une référence à un important texte du fondateur de la République islamique, l'imam Rouhollah Khomeiny, qui interdisait aux autorités de s'immiscer dans la vie privée des gens.

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