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En Syrie, la province d'Idleb est dominée par des jihadistes

La province d'Idleb, pilonnée sans répit depuis trois mois par le pouvoir syrien soutenu par l'aviation russe, est dominée par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda).

D'autres factions rebelles et jihadistes y sont présentes.

La région accueille des centaines de milliers de personnes ayant fui les combats dans d'autres zones du pays en guerre ou ayant refusé de rester dans des localités reprises par le régime.

Plus de 400.000 personnes ont été déplacées depuis fin avril, selon l'ONU, sur les trois millions d'habitants d'Idleb et de sa région.

- Aux mains des islamistes -

La province d'Idleb a une importance stratégique, étant proche de la frontière avec la Turquie, qui soutient certains groupes rebelles, mais aussi de la province côtière de Lattaquié, fief du clan du président Bachar al-Assad.

Avant la guerre déclenchée en 2011, la majorité de ses habitants travaillaient dans l'agriculture (coton et céréales), ou à Alep, à une soixantaine de kilomètres.

En mars 2015, l'Armée de la Conquête, coalition de groupes rebelles islamistes et jihadistes comme le Front al-Nosra (ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, rebaptisé Fateh al-Cham), s'empare de la ville d'Idleb.

La province va être la cible répétée de raids meurtriers de l'aviation syrienne et celle de son allié russe, engagé dans le conflit depuis septembre 2015.

- Jihadistes -

En janvier 2018, des affrontements opposent les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), dominés par Fateh al-Cham, aux combattants du Front national de libération (FNL), coalition rebelle regroupant des factions soutenues par Ankara.

HTS enchaîne les gains territoriaux, à coups d'offensives et d'accords négociés. Il met en place une administration locale, baptisée "Gouvernement du salut".

En janvier 2019, HTS renforce son emprise sur Idleb, en imposant son contrôle administratif sur la province ainsi que sur des territoires adjacents dans les provinces d'Alep, de Hama et de Lattaquié.

- Idleb: "but" du régime -

La province d'Idleb est l'une des quatre zones de "désescalade" établies en 2017 pour faire baisser les violences, après des accords entre Moscou, Téhéran, alliés du régime, et Ankara.

Mais fin 2017, les prorégime, appuyés par l'aviation russe, lancent une opération à la périphérie de la province. Plusieurs semaines de combats meurtriers permettent au régime de prendre quelque 400 localités, ainsi que l'aéroport militaire d'Abou Douhour.

En juillet 2018, Bachar al-Assad déclare: "Idleb est désormais notre but". La province est bombardée pendant deux mois par les forces syriennes et russes.

- "Zone démilitarisée" -

En septembre 2018, Ankara et Moscou se mettent d'accord pour créer une "zone démilitarisée" à Idleb, qui doit servir de tampon entre territoires insurgés et ceux tenus par le régime.

Si l'accord a jusque-là permis d'éviter une offensive d'envergure, il n'est que partiellement respecté, les jihadistes ayant refusé de se retirer. Et depuis fin avril, le régime, soutenu par l'aviation russe, pilonne sans répit la province, ainsi que les zones adjacentes.

- Attaques chimiques -

Damas a été accusé maintes fois de recourir à des armes chimiques dans la province.

En 2016, une commission de l'ONU et de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) conclut que des hélicoptères militaires syriens ont répandu du chlore sur deux localités, à Talmenes (2014) et Sarmine (2015). Elle accuse le régime d'une attaque à l'arme chimique, sans doute du chlore, à Qmenas, en 2015.

Le 4 avril 2017, une attaque au gaz sarin à Khan Cheikhoun fait plus de 80 morts dont plus de 30 enfants selon l'OSDH. Les experts de l'ONU et de l'OIAC pointent du doigt le régime.

En février 2018, 11 cas de suffocation sont rapportés à Saraqeb, des sources médicales faisant état d'un "gaz toxique".

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