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Nouvelle prise d'otages à la frontière entre l'Equateur et la Colombie

Des dissidents de l'ex-guérilla des Farc, accusés d'avoir pris en otage puis tué une équipe de presse, ont revendiqué par vidéo l'enlèvement de deux autres personnes à la frontière entre l'Equateur et la Colombie.

"Au travers du canal de communication avec Guacho (le chef des ravisseurs présumés, ndlr), nous avons reçu dans la nuit l'information d'un nouvel enlèvement, de deux citoyens", a déclaré le ministre équatorien de l'Intérieur César Navas.

Walter Artizala alias "Guacho" est le leader du Front Oliver Sinisterra, groupe dissident de l'ex-guérilla Farc soupçonné d'avoir multiplié les attaques à la frontière depuis janvier. Il a annoncé le kidnapping d'un couple à travers "une vidéo de preuve de vie", selon le ministre.

Dans un bref communiqué, le gouvernement a ensuite identifié ces deux nouveaux otages comme Oscar Efren Villacis Gomez et Katty Vanesa Velasco Pinargote, sans autres détails.

M. Navas avait auparavant demandé de l'aide "pour identifier ces citoyens", ajoutant que les autorités ignoraient le lieu où ils se trouvent. Le ministre de la Défense Patricio Zambrano avait pour sa part précisé que le gouvernement avait des informations selon lesquelles "ils sont Equatoriens".

Cet enlèvement s'ajoute au drame qui a bouleversé l'Equateur, avec la prise en otage le 26 mars puis l'assassinat annoncé vendredi dernier des journalistes Javier Ortega, 32 ans, et Paul Rivas, 45 ans, ainsi que de leur chauffeur Efrain Segarra, 60 ans. Leurs corps n'ont toujours pas été retrouvés.

Cette équipe du quotidien El Comercio avait été enlevée pendant un reportage sur la vague de violence inédite qui affecte l'Equateur, et qui dérive du trafic de drogue en Colombie voisine, premier producteur mondial.

- Appel à l'aide -

Dénonçant les opérations militaires menées à son encontre, le Front Oliver Sinisterra a décidé lundi de suspendre sine die la restitution des corps par l'intermédiaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), ce qui a encore accru la douleur des familles.

La vidéo transmise dans la nuit montre un homme et une femme d'une quarantaine d'années, les mains attachées et entourés de deux hommes armés et en treillis.

Les otages s'adressent au président équatorien Lenin Moreno."Monsieur le président, je vous demande s'il vous plaît de nous aider, de nous tendre la main, qu'il ne nous arrive pas ce qui est arrivé aux journalistes. Nous avons des enfants, nous avons une famille à voir en Equateur (...) Donnez-leur ce qu'ils veulent pour qu'ils nous libèrent", supplie l'homme.

Selon le ministre de l'Intérieur, Guacho "essaie à nouveau de jouer avec l'Equateur. Il veut que nous acceptions ses exigences".

Lors du précédent enlèvement, le Front avait demandé la libération de trois de ses hommes emprisonnés en Equateur.

Selon M. Navas, la vidéo a été envoyée pour la première fois directement au gouvernement équatorien, par WhatsApp. Pour l'équipe d'El Comercio, c'étaient des médias colombiens qui avaient reçu du Front Oliver Sinisterra une vidéo de preuve de vie, puis un communiqué annonçant la mort des deux journalistes et du chauffeur, ainsi que des photos les montrant enchaînés et abattus par balles.

- "Jeu macabre" -

Bogota et Quito ont lancé une vaste offensive contre Guacho, qui opère des deux côtés de la frontière avec environ 80 hommes.

Des contradictions sont d'abord apparues entre les deux gouvernements sur le lieu où se trouveraient les cadavres des trois otages. Puis le président colombien Juan Manuel Santos a précisé dimanche qu'ils "étaient bien du côté colombien (...) Ce qui laisse supposer qu'ils ont été assassinés en Colombie". "Guacho va tomber, tôt ou tard", a-t-il assuré.

Selon Daniel Ponton, expert en sécurité de l'Institut des hautes études nationales (IAEN) à Quito, "il semble qu'il y ait un changement de stratégie". "Guacho n'agit pas seul. Je pense qu'il y a des intentions que nous ignorons (...) et sa force réside dans l'imprévisibilité de ses actions, ce qui génère un scénario incertain", a-t-il ajouté.

Le ministre a pour sa part dénoncé un "jeu macabre" et assuré que l'Equateur allait exercer "toute la pression militaire et policière nécessaire" pour rétablir le calme à la frontière.

"Nous allons le chercher, le capturer et ils paieront pour leurs crimes", a lancé M. Navas à propos des ravisseurs.

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